Deux jours après le couronnement du roi Charles III, le ghostwriter de Harry pour son best-seller “Le Suppléant” a signé un texte pour le “New Yorker” dans lequel il évoque son métier et sa relation avec le prince. Un événement rare qui a retenu l’attention de Nelly Kaprièlian.
Quel étrange couronnement. Imaginez un épisode de The Crown où tous·tes les figurant·es joueraient mieux leur rôle que les deux stars. Charles et Camilla avaient l’air endormi, ennuyé ou perdu, les bras ballants, et semblaient ne pas vraiment comprendre ce qu’iels faisaient là. Nous avons même pu découvrir un roi incapable de retenir trois mots par cœur, mais aussi de les lire sans quelqu’un pour lui souligner du doigt les lignes en question.
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La vraie star, de toute façon, c’était Harry. Parfait d’élégance, hyper à l’aise dans une série où pourtant tous les autres personnages sont ligués contre lui, le metteur en scène aussi, et les critiques qui regardent également. Et même le costumier : on a dit que la plume rouge du chapeau de sa tante, la princesse Anne, assise devant lui, avait été pensée pour le dissimuler aux caméras. Le lendemain, ça n’a pas manqué : la presse anglaise s’est fait une joie de les ridiculiser, Megan (pourtant absente) et lui.
Heureusement, deux jours après, le New Yorker publiait sur son site (ce sera dans le print du 15 mai) un long et très beau texte écrit par le ghostwriter de Harry pour son livre Le Suppléant. Les ghostwriters ne sortent jamais du silence, ni de l’anonymat. Si J. R. Moehringer l’a fait, c’est parce que lui-même a eu maille à partir avec la presse britannique. Il raconte, dans ce texte émouvant, son travail avec Harry, le plus souvent par Zoom. Une scène sur laquelle ils se sont disputés à 2 heures du matin. Les plateaux de nourriture et de bonbons que Megan lui apportait parce que quand il était à Los Angeles avec eux, sa famille lui manquait. Puis, à la sortie du livre, la façon dont lui-même a été harcelé par la presse jusque chez lui, les mensonges dont ont été capables les journaux pour attaquer le livre, détruire Harry.
Le texte de Moehringer dans le New Yorker, sa décision de briser le silence, relève aussi d’une volonté de défendre son propre travail, le sérieux du travail des ghostwriters. Il faut lire ce passage amusant où d’autres ghostwriters l’appellent pour se plaindre de leurs “auteur·ices”, qui ne veulent pas leur dire la vérité, qui se prennent pour Saul Bellow, qui ne rappellent plus… À travers cet exercice d’écriture des mémoires du prince Harry, son ghostwriter s’est mis à bien l’aimer, ou plutôt à le comprendre. Et le témoignage qu’il livre sur son métier est aussi rare que réussi.
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