Deuxième roman traduit de Garth Greenwell, “Pureté” accueille le récit d’un professeur américain expatrié en Bulgarie à l’épreuve du deuil amoureux.
Pureté de l’Américain Garth Greenwell n’est pas très pur. Et c’est tant mieux. Dans sa forme même qui alterne des pages de profond existentialisme avec d’autres, aussi profondes, qui explorent une homosexualité dont le narrateur détaille les subtilités pornographiques. Il est américain, professeur de littérature à l’American College of Sofia.
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Le récit à la première personne, et probablement autobiographique, s’ouvre sur une rencontre entre le professeur et G., un de ses jeunes étudiant·es, qui guigne après un mentor mature des leçons de savoir-lire tout autant que de savoir-vivre. Mais le lien plus indicible qui relie les deux hommes est sensuel.
Le charme de Pureté est tout entier dans cette noria qui divague du réalisme quasi mondain à une crudité nettement plus hors la loi
Tandis qu’il écoute le jeune homme, le professeur est assailli par des apartés intimes : la fin douloureuse d’un amour, des considérations pas très gaies sur l’homosexualité dans la Bulgarie contemporaine ou des échappées belles dans les rues de Sofia : “J’avais le sentiment que la ville s’ouvrait, les immeubles monolithiques en béton aveugle de style soviétique faisant place à des cours, des cafés et des sentiers traversant de petits parcs envahis de mauvaises herbes dont je ne soupçonnais pas l’existence.”
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Sans transition ni pincettes, on bute sur le hardcore d’une séance avec un maître SM. Le mentor mute en esclave. Le charme de Pureté est tout entier dans cette noria qui divague du réalisme quasi mondain à une crudité nettement plus hors la loi. En embuscade poétique, l’hypothèse de l’amour fou, censément rédempteur.
Pureté (Grasset), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard, 288 p., 20,90 €
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