De la plume de Colette Andris, artiste et romancière des Années folles, ce texte de 1929, réédité aujourd’hui, s’attaque à ce qui était alors un tabou : l’alcoolisme féminin.
Si l’héroïne de ce texte est inoubliable, c’est sans doute parce qu’elle adopte “une attitude, une façon de rire à la face du monde pour le tenir en joue”, écrit dans sa préface Nathalie Kuperman qui, dans Les Raisons de mon crime (2012), a dressé le portrait d’une alcoolique.
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Sorti en 1929, le premier roman de Colette Andris aborde ce même sujet. Son héroïne, Guita, est une jeune femme chic qui boit. L’autrice décrit très bien l’ambivalence de l’addiction, la boisson qui procure un “précieux enchantement” et la détresse du petit matin.
Ni roman ni témoignage, son texte est une succession de fragments
Elle évoque, avec une modernité frappante, combien une femme alcoolique devient une proie pour les hommes qui l’entourent – “Un brusque enlacement, une bouche brutale, des mains de pirate, et, sur le divan où elle souriait gracieusement, la voici aux prises avec un être primitif qui ne songe plus qu’à la violer.” Guita – qui peut être un double de l’écrivaine – doit aussi se battre pour exister contre les injonctions d’une société qui la condamne.
La liberté de Colette Andris se révèle en outre dans son écriture. Ni roman ni témoignage, son texte est une succession de fragments, courts instantanés sans chronologie, chapitres qui parfois ne dépassent pas un paragraphe et peuvent prendre la forme d’une lettre ou d’un monologue. Au-delà de son sujet, par sa construction même, son livre est encore aujourd’hui un étonnant objet littéraire.
La Femme qui boit de Colette Andris (Gallimard/“L’Imaginaire”), préfaces de Nathalie Kuperman et Léonie Pernet, 168 p., 9 €. En librairie.
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