Marie Darrieussecq vient de recevoir le prix Médicis pour son roman « Il faut beaucoup aimer les hommes ».
Aux Inrocks, on l’avait choisie mi-aout pour faire la couverture de notre numéro spécial rentrée littéraire. Son nouveau roman, Il faut beaucoup aimer les hommes (POL) était non seulement l’un des plus beaux de cette rentrée 2013 mais l’un des meilleurs livres dans l’œuvre de cet écrivain prolixe, découverte avec la sensation Truismes en 1996.
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Née en 1969, romancière, essayiste et psychanalyste, Marie Darrieussecq s’est imposée en plus de vingt-cinq ans comme l’une des voix les plus intéressantes de la littérature contemporaine, toujours prête à innover, travailler la langue et s’amuser des structures narratives.
Dans Il faut beaucoup aimer les hommes (« …pour pouvoir les aimer. », une phrase empruntée à Marguerite Duras), elle s’attaquait à un genre casse-gueule, voire même kitsch et carrément tombé en désuétude : le roman d’amour. Comment écrire une histoire d’amour aujourd’hui, sans tomber dans les pièges du sentimentalisme, ou de l’autofiction, genre ultra rebattu ? Darrieussecq a choisi l’angle de la passion, forcément univoque, et de l’obsession amoureuse. Elle réactive le personnage de Solange, apparue dans Clèves (2011), qui a grandi et est devenue une actrice française célèbre faisant carrière à Hollywood. C’est là qu’elle rencontre un acteur noir, né au Congo et élevé au Canada, dont elle tombe folle amoureuse dès leur première nuit. Mais le jeune homme joue les garçons de l’air, plus préoccupé par son grand projet, l’adaptation au cinéma d’Au cœur des ténèbres de Conrad que de la pauvre Solange.
Ce qui intéresse Darrieussecq, c’est de mettre en scène, à travers l’obsession qui ronge son héroïne, le doute, l’angoisse de l’attente amoureuse, toujours pleine, toujours nerveuse, malheureuse car fatalement solitaire. On passera de Hollywood à l’Afrique, on y croise Vincent Cassel et George (Clooney), dans un roman qui nous tient constamment en haleine grâce à un suspense digne d’un roman noir. Darrieussecq nous entraîne dans le monde des faux-semblants du cinéma pour mettre parfaitement en scène l’illusion amoureuse. Une réussite.
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