Les principaux prix littéraires ayant fini de publier leurs premières sélections, peut-on déjà prévoir qui va gagner ?
S’il y a une grande (et bonne) surprise à retenir de la première sélection du prix Goncourt, c’est la présence de Yoga d’Emmanuel Carrère, déjà le grand vainqueur en librairies et en presse de cette rentrée littéraire. On dit surprise car Yoga n’est pas un roman, et c’est sur le principe de ne donner le prix qu’à des romans que le jury Goncourt avait d’emblée écarté Le Lambeau de Philippe Lançon en 2018 alors qu’il l’aurait mérité. La réglementation du Prix se serait-elle assouplie ? On l’espère.
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L’autre grande (mais mauvaise) surprise est de ne pas voir figurer sur cette liste le Comédies Françaises (Gallimard) d’Eric Reinhardt, ni Comme un empire dans un empire d’Alice Zeniter (Flammarion), ou encore Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier (Minuit). Autour du Yoga de Carrère, à part le Chavirer (Actes Sud) de Lola Lafon, peu de romans intéressants – en somme, une première sélection assez fade.
Le Prix Renaudot rebaptisé Prix Figaro
Reinhardt, Mauvignier, Simon Liberati pour Les Démons (Stock) et Pierre Ducrozet pour Le Grand Vertige (Actes Sud) rejoignent en revanche Emmanuel Carrère sur la première sélection du Prix Médicis, qui fait cette année encore une fois la proposition plus passionnante, la plus littéraire. Le plus désespérant étant, à nouveau aussi, celle du Prix Renaudot, rebaptisé cette année Prix Figaro : pas moins de cinq (!) romanciers sélectionnés sont journalistes au quotidien de droite. Notons aussi que près d’un an après la publication du livre de Vanessa Springora, Le Consentement (Grasset), le compagnon, des voyages aux Philippines lors desquelles l’écrivain Gabriel Matzneff (qui avait reçu le Prix Renaudot essai en 2013) aurait eu des rapports sexuels avec des mineurs, Christian Giudicelli, est toujours présent dans le jury.
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Entre le Prix Médicis et le Prix Figaro, la première liste Femina est un peu tiède mais pas indigne et celle du Prix Décembre plus intéressante, qui comprend entre autres Le Pont de Bezons de Jean Rolin (POL), l’essai de Barbara Cassin Le Bonheur, sa dent douce à la mort (Fayard), le Lafon et le Mauvignier.
Une absence remarquée
Maintenant, si on s’amuse à comptabiliser le nombre de présences d’un texte sur toutes ces listes confondues, le grand vainqueur des Prix est d’ores et déjà… Hervé Le Tellier pour L’Anomalie (Gallimard), présent sur pas moins de quatre listes (Goncourt, Médicis, Renaudot et Décembre). Le Tellier est suivi de près par Sarah Chiche et son Saturne (Seuil), qui a déjà reçu un bel accueil critique, présente sur trois listes (Goncourt, Femina et Médicis), Camille de Tolédo avec Thésée, sa vie nouvelle (Verdier), présent également trois fois (Goncourt, Médicis et Décembre), ainsi que Lola Lafon (Goncourt, Fémina et Décembre).
L’injustice flagrante sera la présence du roman d’Eric Reinhardt sur une seule liste, et l’absence incompréhensible de celui d’Alice Zeniter. Les deuxièmes sélections de ces Prix paraîtront début octobre. A suivre…
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