Christine Angot, Sorj Chalandon, Louis-Philippe Dalembert et Mohamed Mbougar Sarr sont sur la dernière liste du prix Goncourt.
Il faudra attendre jusqu’au 3 novembre pour connaître l’heureux ou l’heureuse gagnant·e.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Christine Angot : Le Voyage dans l’Est (Flammarion)
Aura-t-elle le prix Goncourt alors qu’elle vient de recevoir le Prix Médicis ? Celle qui jusque-là n’avait pas reçu de grand prix est enfin reconnue par l’establishment, pour un roman puissant, pas le premier, et un thème qu’elle n’en finit pas de fouiller, l’inceste que lui fit subir son père. Après L’Inceste, Une semaine de vacances ou encore Un amour impossible, Christine Angot restitue ici tout le ressenti d’une enfant, puis d’une jeune fille quand elle se fait violée par son père, le silence qui entoure ce crime, l’incapacité de réagir, même de ses proches, cette inaction qui confine à l’acceptation de l’horreur, à la collusion tacite avec le bourreau. À chaque fois, Christine Angot va plus loin. Cette fois, elle trouve les mots justes, pour aller vraiment très loin.
Nelly Kaprièlan
>> À lire aussi : Avec “Le Voyage dans l’Est”, Christine Angot démonte à nouveau les mécanismes de l’inceste
Mohamed Mbougar Sarr : La plus sécrète mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan).
Quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, La plus secrète mémoire des hommes met en scène Diégane Latyr Faye, un jeune Sénégalais wanabe écrivain, dans la diaspora africaine de Paris en 2018, fasciné par un mystérieux écrivain africain ayant écrit un livre définitif en 1938, Le Labyrinthe de l’inhumain (ce titre…). La quête de détails biographiques concernant l’auteur de cette œuvre inouïe (on insiste), sorte de pierre philosophale ou de Saint-Graal littéraire (on va y venir), va l’entraîner de l’Afrique à l’Argentine pour mieux se retrouver confronté à l’histoire, de la Shoah à la colonisation. Et pourquoi pas ? D’ailleurs, il ne se retrouverait pas sur la shortlist du prix Goncourt à moins. En conférant au Labyrinthe de l’inhumain des pouvoirs de révélation et de fascination quasi-magiques, la vision trop naïve ou trop romantique que Sarr donne de la littérature fait douter du sérieux de tout le reste. “À quelle encre s’écrit le livre dont l’absence forme la prétention ?”. Va savoir… En attendant de trouver la réponse, on se permettra de lui rappeler ce qu’un personnage dit à un moment au jeune Diégane Latyr Faye: “Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien (…)”. Hélas, le sien est trop bavard.
Nelly Kaprièlan
>> À lire aussi : Prix Medicis 2021 : Christine Angot récompensée pour “Le Voyage dans l’Est”
Sorj Chalandon : Enfant de salaud (Grasset).
Enfant, le narrateur imaginait que son père était un héros de guerre tant il racontait d’invraisemblables aventures. Jusqu’à une confidence du grand-père qui laisse supposer un passé de collabo. En 1987, le narrateur devenu journaliste assiste au procès de Klaus Barbie à Lyon, sa ville natale. Son père est là aussi, dans les rangs du public, fasciné. Entre les journées d’audience, les deux hommes se rencontrent et le fils espère qu’enfin la vérité sera dite. L’auteur de Mon traître, qui a couvert le procès Barbie pour Libération, signe un livre très autobiographique et revient sur les thématiques fortes qui portent son œuvre : le mensonge, la trahison, le père manipulateur. Il est intéressant d’avoir la sensation d’être dans le prétoire aux côtés du journaliste, et Chalandon excelle à faire revivre ce moment historique. On peut malheureusement émettre des réserves sur la façon dont il tente d’articuler deux formes narratives, histoire intime et collective.
Sylvie Tanette
Louis-Philippe Dalembert : Milwaukee blues (Sabine Wespieser)
C’est le meurtre de George Floyd en mai 2020 qui a inspiré à Louis-Philippe Dalembert ce roman sur la vie d’un enfant des ghettos noirs de Milwaukee. Nous n’avons pas encore lu ce roman mais nous en rendrons compte prochainement.
Nelly Kaprièlan
{"type":"Banniere-Basse"}