Trop méconnu en France, le livre de la biologiste américaine Rachel Carson lança, dans les années 1970, la lutte pour la préservation de l’environnement. À découvrir d’urgence, en version poche.
Quand Baptiste Lanaspeze créé en 2009 Wildproject, sa maison d’édition dédiée à la pensée de l’écologie, il est sidéré de découvrir que le texte fondateur en la matière n’est plus disponible en France depuis sa première édition. Printemps silencieux est pourtant un grand classique et un best-seller, qui se vendit à plus de 500 000 exemplaires lors de sa parution outre-Atlantique au début des années 1960.
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Il est le livre qui transforma l’écologie, science réservée jusque-là à une élite instruite, en un véritable mouvement politique et social. “Printemps silencieux est arrivé comme un cri dans le désert, rappelle Al Gore en préface, et un plaidoyer absolument sincère, solidement étayé et brillamment écrit, qui a changé le cours de l’histoire.”
Le livre s’ouvre sur le tableau d’une petite ville au cœur des États-Unis, “frappée par un mal étrange” : de mystérieuses maladies déciment les basses-cours, des gens meurent soudainement, les oiseaux ne chantent plus. Le printemps devient silencieux. Si cette ville est une fiction, “chacun de ces désastres a réellement eu lieu quelque part”, précise l’autrice. Suit une enquête implacable sur les méfaits des pesticides abondamment vendus par Monsanto et consorts. À lire aussi : Inès Léraud, journaliste d’investigation vent debout contre les scandales sanitaires et environnementaux
Fer de lance
Rachel Carson s’appuie sur des années de recherches pour démonter la machine infernale du DDT, ce poison qui, du sol aux rivières jusqu’aux aliments, s’insinue et détruit la santé des Américain·es. L’affaire révèle aussi le scandale des groupes industriels fabriquant ces produits, avec la bénédiction de décideurs politiques corrompus par les lobbys ultra-puissants.
Face au succès grandissant du livre de Carson, le président John F. Kennedy constitue un comité pour étudier le problème
Malgré les faits accablants, les critiques fusent, qui accusent Carson d’être une “femelle hystérique”, “extrémiste”, une “sentimentaliste”, selon Time Magazine. Une vaste campagne de calomnie, des sponsors qui lâchent CBS quand la chaîne lui consacre un reportage, rien n’y fait. Le livre devient le fer de lance de cette nouvelle cause qui mobilise des millions de personnes : la lutte pour la préservation de l’environnement.
Face au succès grandissant du livre de Carson, le président John F. Kennedy constitue un comité pour étudier le problème, ce qui entraînera l’interdiction du pesticide. C’est cette victoire qui déclenchera la naissance du mouvement écologiste, inspirant ONG et citoyen·nes à agir de même de par le monde.
Printemps silencieux de Rachel Carson (Éditions Wildproject/“Classique” poche), introduit par Al Gore, traduction de l’anglais (États-Unis) par Jean-François Gravrand et révisée par Baptiste Lanaspeze, 352 p., 12 €. En librairie
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