Face à la situation entre le Hamas et Israël, la Foire du livre de Francfort reporte la remise d’un prix à l’autrice palestinienne Adania Shibli, déclenchant une vague de soutien du monde littéraire.
Alors qu’elle devait recevoir le prix LiBeraturpreis 2023 lors de la nouvelle édition de la Foire du livre de Francfort, qui a lieu du 18 au 22 octobre, l’autrice palestinienne Adania Shibli a eu la surprise d’apprendre, lundi, qu’elle ne verrait pas de si tôt la couleur de sa récompense. La raison de ce report ? Les récentes attaques du Hamas contre Israël.
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L’association LiProm, organisatrice du prix, qui qualifie ces attaques de “barbares”, a assuré qu’elle voudrait cette année rendre les voix israéliennes “particulièrement audibles”. Elle ajoute que la remise du prix n’aura donc pas lieu lors de la foire; mais ultérieurement, et que la rencontre originellement prévue entre l’autrice et le public est elle aussi annulée.
Questions de consentement
Adania Shibli devait être récompensée pour son roman Un détail mineur, qui aborde le viol et le meurtre d’une jeune bédouine, perpétré par des soldats israéliens en 1949. Elle dément les propos de l’association, qui avait expliqué que la décision avait été prise en accord avec elle, et assure que ce choix lui avait été imposé.
Dans une lettre envoyée au New York Times, l’édictrice états-unienne d’Adania Shibli, Barbara Epler, a tenu à faire savoir son désaccord total avec l’organisation de la foire : “Alors qu’une douleur inimaginable est ressentie de tous côtés, propager des mensonges ne sert à rien, encore moins quand ils touchent l’autrice d’un roman sur la Nakba dont l’exactitude historique est exemplaire. Annuler la cérémonie et tenter ainsi d’étouffer la voix d’Adania Shibli, en raison de la guerre en Israël, est un acte lâche. Mais dire qu’Adania Shibli avait donné son accord (alors même que Gaza traverse une si grande épreuve) est bien pire.”
Des auteurs·trices se mobilisent en soutien
L’annonce de la foire a provoqué de vives réactions. Plus de 600 personnalités du monde de l’édition et de la littérature ont signé et publié une lettre ouverte pour s’insurger de cette décision. Parmi les signataires, on retrouve les Prix Nobel de littérature Abdulrazak Gurnah, Annie Ernaux et Olga Tokarczuk, ou encore l’écrivaine canadienne Naomie Klein. “La Foire du livre de Francfort a la responsabilité de créer des espaces permettant aux écrivains palestiniens de partager leurs pensées, leurs sentiments et leurs réflexions sur la littérature en ces temps terribles et cruels, sans les fermer”, peut-on lire dans la lettre obtenue par l’AFP et publiée dans Le Monde. En plus de cela, plusieurs maisons d’édition arabes ont déclarés boycotter le salon pendant toute la durée de l’événement.
Ce n’est pas la première fois qu’une institution culturelle adapte sa programmation à l’actualité entre le Hamas et Israël. Le 11 octobre dernier, l’Institut du monde arabe annonçait annuler certains événements en lien avec son exposition centrée sur la Palestine.
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