Une semaine après avoir subi la Saint-Valentin jusqu’à écœurement, nous aimerions vous rappeler, preuves à l’appui, que “Les Histoires d’A” finissent mal, en général, et introniser la Saint-Pierre-Damien, le 21 février, comme jour des largué·es et des losers en amour.
…Parce qu’il n’y a pas de mal à l’être, que nous l’avons tous·tes été, et qu’elles et eux aussi méritent qu’on leur consacre une fête pour leur dire “Bon courage, on est avec vous, on vous aime !”.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
1 : La Prisonnière : À la recherche du temps perdu de Marcel Proust
Albertine passe beaucoup de temps à dormir. Ça exaspère son amoureux le Narrateur qui ne dit rien mais écrit : “Je pouvais mettre ma main dans sa main, sur son épaule, sur sa joue, Albertine continuait de dormir.” Quand elle ne dort pas, Albertine est vaseuse. Une centaine de pages plus tard, on apprend qu’elle en pince pour les filles et se casse. D’où la suite, Albertine disparue, et rebelote de souffrances pour le Narrateur qui adore souffrir.
2 : Phèdre de Racine
Comme d’hab’ avec Racine, c’est le sac de nœuds : Phèdre crève d’amour pour le jeune Hippolyte qui aime Aricie. En sous-texte gay friendly, le bon copain Théramène a lui aussi envie de se faire Hippo. Qui ne sait plus quoi inventer pour faire son intéressant jusqu’à mourir dans un accident du travail suite au massacre d’un monstre marin. Total : Phèdre se flingue et tout le monde est super triste.
3 : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette
Madame de Chartres, limite mère maquerelle, case sa fille avec le prince de Clèves, alors qu’en vrai elle en pince pour le duc de Nemours. Là-dessus, le vidame de Chartres et le duc de Guise viennent foutre leur souk. La Clèves en a finalement ras-le-libertinage de ce pataquès à deux balles et se retire dans un couvent, genre demeure de charme, avec des chouettes copines bonnes sœurs.
4 : Madame Bovary de Gustave Flaubert
Emma dessèche d’ennui dans un patelin de Normandie. Son mari est décevant à tous point de vue. Lors d’une surboum chez un marquis, Emma a des envies de plan cul. Elle se tape Léon et Rodolphe. Ça foire. En plus, comme un don pour s’attirer les emmerdes, la fofolle s’endette en achats compulsifs dans un genre de boutique Prada de l’époque. Déshonneur and Co. Une seule issue : l’overdose au cyanure. La voilà verte et morte.
5 : Tess d’Urberville de Thomas Hardy
Née dans une famille de bouseux, Tess apprend qu’elle est de sang noble. Ça lui monte à la tête pire que la lecture de Gala. En quête d’un amoureux au diapason, elle vise Alec qui, salopard, la viole. Tess se console avec Angel qui est plus sympa. Mais tartinée de dilemmes, elle se remet avec Alec qu’elle va finir par poignarder. What a marmelade ! Qui se termine sur l’échafaud.
6 : Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos
Comme ils n’ont que ça à foutre, des nobliaux s’écrivent une palanquée de lettres d’où il ressort qu’il y a d’une part le clan des libertins rigolos (Merteuil et Valmont) et d’autre part celui des victimes pleurnichardes, voire idiotes (la Tourvel et Cécile de Volanges). Tout le monde sera puni : mort, fausse couche, couvent. Y compris la Merteuil, pourtant la seule archi-bandante, même vérolée.
7 : Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig
À Vienne au début du XXe siècle, une jeune fille tombe raide d’un écrivain. Ça ne tourne pas trop longtemps autour du pot. L’écrivain séduit la fille et la plaque. Enceinte, elle se retire dans le Tyrol où au lieu de s’halluciner en nouvelle Sissi, elle fomente une lettre post-mortem où elle confiera à l’écrivain sa passion. La honte sur son dos, car l’écrivain se sent très vaguement coupable.
8 : Une vie de Guy de Maupassant
Pas cool la vie pour Jeanne Le Perthuis des Vauds, mal mariée à un hobereau égoïste, avare, volage et mauvais coup. Question maternité, c’est pas terrible non plus : une fille mort-née et un fils, Paul, qui la ruinera pour rembourser des dettes pharamineuses. Jeanne finira miséreuse, recueillie par Rosalie, une ancienne servante gentille qui l’apaise. Mais bon, c’est pas une vie Une vie.
9 : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë
“Hou-hou”, fait le vent sur la lande désolée ? “Aïe aïe”, fait Cathy qui sait bien, quoiqu’un peu zinzin, qu’elle ne doit pas s’enticher de n’importe quel échevelé. “Par ici la vengeance”, fait Heathcliff le bâtard qui va passer son temps à pourrir la vie des autres. On devrait plaindre Cathy et détester Heathcliff mais c‘est pourtant lui qu’on adore : beau et méchant.
10 : De l’amour de Stendhal
“Qu’est-ce autre chose que la vie des sens, qu’un mouvement alternatif qui va du dégoût à l’appétit ?” C’est juste, mais pas très gai. Stendhal, qui vient de se prendre un râteau avec une de ses maîtresses, glose sur les marécages de la passion. C’est pas une raison pour s’enliser dans des trucs un peu obscures (cf. la “cristallisation”) jusqu’à conclure – tout ça pour ça ! – que l’amour c’est à la fois triste et marrant.
{"type":"Banniere-Basse"}