La journaliste Hélène Devynck, ex-compagne d’Emmanuel Carrère, exerce son droit de réponse au roman “Yoga”, dans les colonnes de Vanity Fair.
Une rumeur tenace commençait à poindre autour du roman d’Emmanuel Carrère, Yoga, succès critique et commercial de la rentrée littéraire, et un des favoris du prix Goncourt. En effet, lecteurs·trices et journalistes s’étonnent d’une ellipse dans la narration. Dans Yoga, Emmanuel Carrère ne raconte pas l’épisode qui a fait basculer sa vie, même si l’on imagine qu’il s’agit de sa rupture avec son épouse. Interrogé à ce sujet par Les Inrockuptibles, l’auteur répondait : “On peut dire tout ce que l’on veut sur soi, y compris les choses les moins flatteuses et je ne m’en fais pas faute, mais pas sur autrui. C’est une limite à l’exposition de la vérité. J’ai franchi cette limite autrefois dans Un roman russe, je n’ai pas voulu le refaire ici.”
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Des modifications du manuscrit ?
Selon plusieurs articles, dont un de la Lettre A le 23 septembre, le livre aurait été relu par son ex-compagne, la journaliste Hélène Devynck. Mediapart s’interrogeait aussi sur de possibles “modifications du manuscrit de Yoga après l’intervention d’avocats”. Hélène Devynck a donc décidé de clarifier la situation, en publiant un droit de réponse au livre, dans les colonnes de Vanity Fair.
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Elle explique que, depuis leur divorce en mars dernier, elle et lui sont “liés par un contrat qui l’oblige à obtenir [s] on consentement pour [l]’utiliser dans son œuvre”. Or elle précise : “Je n’ai pas consenti au texte tel qu’il est paru”. Si par le passé, elle avait accepté que son intimité soit utilisée dans les livres d’Emmanuel Carrère, elle le refuse désormais, et s’indigne que son souhait ne soit pas, selon elle, respecté : “L’éditeur n’a pas hésité à mentir, m’assurant que ni notre fille ni moi ne figurions plus dans la version définitive, ce qui est faux, menaçant d’engager des poursuites à mon encontre si je saisissais la justice.”
“C’était désobligeant”
Son souhait de ne pas apparaître dans Yoga était d’autant plus résolu que son personnage “était exposé dans une fantaisie sexuelle accompagnée de révélations indésirables sur [s]a vie privée. C’était désobligeant.” Mais c’est aussi la distorsion entre ce dont elle a été témoin et ce que raconte Emmanuel Carrère dans son livre, en prétendant qu’il s’agit de la vérité, qui la dérange.
Hélène Devynck déplore le fait que malgré ses demandes réitérées et des mois de conflit, elle figure encore, “de manière résiduelle, dans les premières impressions de l’ouvrage”. “Pourquoi fallait-il à tout prix laisser mon nom dans ce livre ?”, interroge-t-elle.
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