La mangaka Mari Yamazaki assume sa latinophilie pour raconter avec Tori Miki la vie romancée de Pline l’Ancien. Une plongée captivante dans la Rome antique.
Après le succès mondial de Thermae Romae – qui racontait avec humour les voyages temporels d’un architecte de la Rome antique dans le Japon contemporain –, Mari Yamazaki consacre sa nouvelle série, coréalisée avec le scénariste et très bon dessinateur Tori Miki, au naturaliste et philosophe romain Pline.
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On connaît de la vie de Pline les grandes lignes – son éducation, sa carrière militaire, ses voyages, sa grande capacité de travail, sa mort lors de l’éruption du Vésuve racontée par son neveu Pline le Jeune… De tous ses ouvrages, seule L’Histoire naturelle, gigantesque compilation du savoir de l’époque sur la géographie, la médecine, les arts, la navigation ou les animaux, combinée à des réflexions personnelles et des anecdotes, a traversé les siècles.
Champ libre à l’imagination et à l’invention
Le peu de détails fiables sur l’érudit laisse le champ libre à l’imagination et à l’invention des auteurs, qui se faufilent dans les blancs de sa biographie pour imaginer ce manga. Mari Yamazaki et Tori Miki entrecroisent ainsi l’histoire de Pline avec celle d’Euclès, un jeune homme cultivé que Pline rencontre sur les flancs fumants de l’Etna et qui devient son scribe.
Le personnage d’Euclès, sorte de Candide débarquant à la ville, permet de découvrir Rome, ses habitations, ses codes et son mode de vie. Mari Yamazaki et Tori Miki imaginent aussi la relation entre Pline et Néron – moins flamboyant que celui interprété par Peter Ustinov dans Quo Vadis.
Installant Pline dans le quartier interlope du Trastevere, ils confrontent leurs deux protagonistes à une cohorte de personnages secondaires étoffés – un médecin brillant mais peu sympathique, une prostituée bretonne (anglaise), un garde du corps de Pline, l’intrigante Poppée, maîtresse de l’empereur… – dont les apparitions sont autant de pistes que l’on espère voir développées dans la suite de la série.
Le réalisme historique a sa place
Les auteurs font un excellent usage de la liberté que leur donne la fiction mais n’en oublient pas moins le réalisme historique, autant dans les décors précis du monde romain que dans les textes – où l’on retrouve notamment de nombreux faits et anecdotes consignés dans L’Histoire naturelle.
Même si Pline ne manque pas de résonances avec le Japon actuel (les déchaînements de la terre…), Mari Yamazaki semble avoir gagné en assurance et ne plus avoir besoin, comme dans Thermae Romae ou Giacomo Foscari, de lier Italie et Japon. Elle assume ici complètement et avec brio sa latinophilie.
Pline tomes 1 & 2 de Mari Yamazaki (Casterman), traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi et Wladimir Labaere, 200 pages, 8,45 € le tome
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