En arrêtant d’écrire, Philip Roth pose des questions essentielles que peu d’écrivains affrontent.
« J’en ai fini avec la fiction. Je ne veux plus en lire, plus en écrire, et je ne veux même plus en parler« , nous déclarait très sereinement Philip Roth le 18 septembre à New York. Némésis serait son dernier roman, puisque l’écrivain n’avait plus rien écrit depuis qu’il l’avait achevé, trois ans auparavant.
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« L’idée d’affronter encore une fois l’écriture m’est impossible ! »
Alors que la littérature avait dévoré tout son temps, Roth avait envie à 78 ans de consacrer ce qui lui reste à vivre à autre chose qu’à cette « frustration perpétuelle » qu’est l’écriture. L’information a été reprise par Reuters et dans le monde entier, prouvant non seulement l’importance de Philip Roth mais aussi soulignant l’étrangeté de son geste. Peut-être parce qu’il est le seul à dire haut et fort, et de son vivant, qu’il ne veut plus écrire. Nombre d’écrivains ont un jour cessé leur pratique tout en faisant croire qu’ils écrivaient encore (de Salinger à Truman Capote jusqu’à, plus près de nous, Jorge Semprun). Y aurait-il un moment, dans la vie d’un écrivain, où l’écriture n’est tout simplement plus possible ?
Contrairement à beaucoup, Roth ne se ment pas, ne s’illusionne pas. Détachement amusé, presque soulagé : c’est ainsi, plus envie, donc plus de roman. Pas étonnant : c’est cette hyperlucidité qui fit aussi sa puissance d’écrivain.
« Je ne pense pas qu’un livre de plus ou de moins changera quoi que ce soit à ce que j’ai déjà fait. Et si j’écris un nouveau livre, il sera très probablement raté. Qui a besoin de lire un livre médiocre de plus ? »
Dommage que ce soient les meilleurs qui se posent ce type de question. Mais Roth, là encore, touche un point important : la force d’un écrivain diminue-t-elle avec l’âge ? Y a-t-il un moment où l’écrivain doit savoir, comme un boxeur en fin de carrière, raccrocher les gants ?
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