Dernier épisode des aventures du héros dessiné par Fred depuis 1965. Une issue glaciale et sans appel.
Les plus sensibles d’entre nous ont éprouvé un attachement unique pour Philémon. Ce jeune homme vêtu d’une marinière bleue et blanche aura guidé sa petite troupe de lecteurs le long de seize aventures extravagantes, au cœur des “lettres de l’océan Atlantique”, territoire poétique qui ne connut nulle autre règle que celles de la fantaisie.
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Tout pouvait y arriver, et d’ailleurs tout arriva. Les cases de bande dessinée se détachèrent de la page pour retomber, au sol, telles les feuilles en automne. Certaines pages se cornaient ou se froissaient, obligeant les personnages à littéralement enjamber les gouttières blanches qui séparaient les cases afin de poursuivre l’aventure.
C’était fou. D’autant que le long de ses sentiers sinueux, jalonnés de détours et de pièges, prospérait une population à la fois excentrique et familière. Une nuée d’artisans aux tâches incongrues, des forains ou des prestidigitateurs, et parfois des créatures animales et mécaniques issues d’une mythologie toute personnelle. Tous s’enflammaient devant la gaieté de ce petit garçon rieur, dont le prénom, aux racines grecques, la langue maternelle de l’auteur, signifie “mon seul ami”.
Voici donc le dernier voyage de Philémon, son ultime tentative de rejoindre l’île du “A” d’“océan Atlantique”, ce paradis perdu sur lequel l’oncle du héros rêve de retourner. Cette fois, l’échec est plus cinglant que de coutume, pour ne pas dire macabre. Fred, au corps épuisé, n’a pas pu dessiner la fin du récit. Peut-être certains auraient-ils préféré que le héros s’en aille discrètement sur le dos de sa locomotive alimentée à la vapeur d’imaginaire, comme autrefois Lucky Luke et Jolly Jumper face au soleil couchant. Mais l’auteur aura choisi une autre issue, sans appel. Le fond de l’air n’est plus frais, il est glacial.
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