Paul Gillon est de ces personnes qui ont marqué le neuvième art. A l’âge de 85 ans, ce talentueux auteur de bandes dessinées est mort le samedi 21 mai, laissant derrière lui des œuvres uniques.
Il venait de souffler ses 85 bougies. Après une carrière longue de 70 ans, le dessinateur-scénariste Paul Gillon vient de disparaître. Artiste reconnu dans le monde de la bande dessinée, il a fait ses débuts professionnels à l’âge de 14 ans après avoir suivi des cours de graphisme. C’est donc très jeune qu’il commence à faire des caricatures pour des journaux comme Samedi Soir ou France Dimanche. Rapidement, il tente de concilier sa passion des dessins à celle de la musique en fréquentant les milieux artistiques. Ses dessins apparaissent dès lors sur les partitions de Tino Rossi ou de Charles Trenet.
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C’est en entrant à Vaillant, l’hebdomadaire pour la jeunesse dirigé par le parti communiste, que Paul Gillon publie sa première bande dessinée, On se bat sur Terre. Si son ton était parfois considéré comme froid, il a touché à des sujets très diversifiés, de l’Histoire à l’érotisme en passant par la science-fiction.
Son travail reconnu comme un art
Même si la bande-dessinée historique est son domaine de prédilection, c’est la science-fiction qui le mène vers la reconnaissance artistique.
Les naufragés du Temps est très certainement la saga la plus marquante de sa carrière. D’abord publiée dans les pages éphémères de Chouchou puis de France Soir dans les années 70, les planches marquent un tournant dans sa vie professionnelle. Son travail est alors reconnu comme un art et ses confrères admirent son graphisme.
« Le dessin, classique, sobre, élégant et hors des normes y est pour beaucoup. La fluidité de lecture vient de là, pas d’effets graphiques vains, pas de quelconque redondance, mais un art de la persuasion qui impose une vision futuriste indiscutable, car cohérente. Gillon traverse le temps avec force », témoigne Enki Bilal.
Bruxelles lui rend hommage
La Galerie Champaka, située à Bruxelles, rendra hommage à Paul Gillon à partir du 20 juin en accueillant la série phare Les naufragés du Temps. Il sera donc possible pour le public de découvrir des planches originales. Selon le dessinateur François Schuiten, elles sont uniques en raison de « leur format gigantesque, qui laisse le trait et le geste s’épanouir, s’évanouir, pour laisser au blanc toute sa place… Puis les traits, parfois si fins qu’ils disparaissent à l’impression, mais surtout si sûrs, si élégants, jamais dans l’anecdote, comme s’ils étaient l’oeuvre d’un calligraphe ».
L’exposition présentera 20 planches originales, deux couvertures et une vingtaine de découpages.
Laura Adolphe
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