Le maître japonais de l’horreur investit la religion et la Seconde Guerre mondiale pour un résultat forcément surprenant.
En espagnol, paraiso désigne le paradis. Quand le Japonais Suehiro Maruo s’en empare pour titrer un recueil d’histoires courtes liées les unes aux autres, ça devient plutôt synonyme d’enfer. Lui qui a développé un univers macabre, aux frontières du surréalisme et du grand-guignolesque, il appréhende la religion à la fois comme un outil de perversion et comme une lumière bienveillante.
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Ainsi, on croise dans le même livre un prêtre pédocriminel qui dirige un orphelinat et un père catholique qui, prisonnier d’un camp de concentration, garde la foi malgré tout ce qu’il endure.
On y suit des orphelin·es de guerre tel·les que Michio, prêts à tout pour survivre
Les cinq récits réunis ici, ayant pour cadre l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale ou le Japon ruiné après le conflit, louvoient ainsi entre l’ignominie et la grâce. On y suit des orphelin·es de guerre tel·les que Michio, prêts à tout – le vol, la prostitution ou le travestissement – pour survivre, on y croise des créatures inquiétantes qui, contre toute attente, se révèlent plus bienveillantes qu’attendu.
Vieux maître toujours vert, Maruo signe un manga provoquant et profond, dénué de leçon de morale manichéenne. Toujours délicat, même quand il représente l’horreur et la crudité, son graphisme lui permet d’exprimer cette ambiguïté.
Paraiso de Suehiro Maruo (Casterman), traduit du japonais de Miyako Slocombe, 192 p., 18 €. En librairie le 18 janvier.
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