Sortie de deux revues de fiction, la nouvelle Pandora et la fureteuse Nicole et Franky, qui regorgent d’auteurs essentiels et de trésors cachés, pour le plaisir des fans autant que des novices.
A l’image des mooks littéraires et société, les revues BD sont tendance. Sortent ces jours-ci la toute nouvelle Pandora, lancée par Casterman, et le quatrième volume de la revue conjointe de Cornélius et des Requins marteaux, Nicole et Franky (ou Franky et Nicole quand les Requins marteaux l’éditent).
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Contrairement à La Revue dessinée entièrement consacrée à la BD de reportage et du réel, et à l’instar de Papier, revue de Lewis Trondheim (Delcourt) arrêtée en juin 2015, toutes deux font la part belle à la fiction – ou à “l’humour et l’imaginaire (à ne pas confondre avec le Calembour et le Divertissement)”, comme il est justement rappelé dans Nicole et Franky. Elles laissent donc s’exprimer auteurs connus ou nouveaux venus qui tous se frottent à l’art difficile de l’histoire courte.
Troublant récit postapocalyptique d’Anthony Pastor
Alors que Pandora aligne quelques stars (Katsuhiro Otomo, Art Spiegelman, Loustal, Blutch – qui revisite avec sa finesse habituelle quelques pages de la BD franco-belge), ce sont les nouvelles d’auteurs plus intimistes que l’on retient ici : le troublant récit postapocalyptique d’Anthony Pastor, celui d’Alfred, qui en peu de pages montre que l’on peut, enfant, ne pas appartenir à la meute, ou encore celui de Matthias Lehmann, sur le même thème, plus dérangeant et sombre.
Et on accompagne avec joie Jean Harambat dans une partie de pêche philosophique. Quelques récits qui sont autant de cadeaux pour les fans et une bonne porte d’entrée vers l’œuvre de ces auteurs essentiels pour les autres.
La poésie décalée de Giacomo Nanni
Depuis l’été 2014, Nicole et Franky (et Nicole) régale deux fois par an en publiant la crème de la BD indépendante. Dans ce nouveau et réjouissant volume, on retrouve l’humour toujours surprenant d’Olivier Texier, la poésie décalée de Giacomo Nanni mais aussi deux sublimes récits du jeune et rare auteur chinois Zuo Ma, inspiré par le manga et notamment Yoshiharu Tsuge.
On découvre ainsi la suite de Blotch, que Blutch n’a pas continuée ; une histoire inédite et douce-amère d’Henriette, du trio Dupuy, Berberian et Jean-Louis Capron ; Homph, un récit oublié de Lob et Mandryka ; un début d’adaptation de Méridien de sang de Cormac McCarthy par Hugues Micol.
Et puis, délicieuse surprise, un remake, au trait minimaliste et clair, du précieux Cirque Flop de Didier Martiny et Philippe Petit-Roulet dont l’original avait paru en 1987. Une magnifique initiative de la revue que de donner à lire ces travaux sinon promis à l’oubli.
Pandora (Casterman), 264 pages, 18 €
Nicole et Franky (Cornélius), 304 pages, 14,50 €
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