Tchernobyl en France ? C’est possible. Thomas Flahaut en décrit les effets.
Belfort. Une usine ferme. Le père de famille se retrouve au chômage, la famille explosée, ses deux fils seuls au monde. Felix et Noël aiment la même jeune fille, Marie, qui s’amuse, séduit l’un puis l’autre. Et la catastrophe arrive, sans crier gare.
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Quand un tremblement de terre frappe la région où se trouve la centrale nucléaire de Fessenheim, l’événement semble d’abord peu grave. Les autorités se veulent rassurantes, malgré le cortège incessant de camions et de bus, de pompiers au visage couvert de masques à gaz. Les protagonistes ne se rendent compte de l’ampleur du drame que quand ils sont emmenés dans des camps de réfugiés.
L’angoisse se diffuse comme la radioactivité
Ostwald est un premier roman frappant de concision et d’audace stylistique : le récit tout en retenue d’une fin du monde, à l’opposé du pathos grandguignolesque et macabre qui caractérise parfois le genre. Flahaut invente une écriture quasi anonyme, faite d’ellipses, de non-dits. Les phrases se succèdent sans guillemets, sans que l’on sache parfois qui parle : “Felix chevauche un tricycle violet. Je demande aux Français de ne pas céder à la panique.” Monologue intérieur du narrateur, appel à l’ordre du gouvernement, délire ambiant d’une population laissée à l’abandon ?
Dans cet univers éthéré, l’angoisse se diffuse comme la radioactivité dans un monde à la beauté crépusculaire façon J. G. Ballard : chars d’assaut abandonnés, leurs canons pointés sur une banlieue déserte, parking de supermarché couvert par les tentes blanches des réfugiés. Un monde où l’espoir survit, symbolisé par la jeunesse, comme une forme de décence ultime, d’énergie du désespoir.
Ostwald (Editions de l’Olivier), 176 pages, 17 €
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