Après “Un amour sans paroles”, et “Les Fantômes du muet”, le nouveau livre de Didier Blonde nous emmène en Norvège sur la trace de Cora Sandel.
Il est comme le petit-cousin caché de Patrick Modiano, traçant une œuvre hyper discrète mais d’une beauté inoubliable. Mine de rien, à la façon d’un nerd, d’un obsessionnel, il arpente Paris et la mémoire, fouille les images des films muets, traque les archives, petit détective privé hanté, à la recherche de corps qui ont été, tentant de reconstituer ces vies fulgurantes. Des actrices d’un autre temps disparues trop tôt dans des accidents de voiture, aimées et jamais rencontrées, des figurant·es qui prennent une fois la lumière avant de retourner à l’obscurité, peuplent ses deux plus beaux textes, Un amour sans paroles, et Les Fantômes du muet, entre autres.
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Avec Oslo, de mémoire, Didier Blonde rejoint enfin très clairement Modiano en suivant les pas d’une femme, en emboitant présent et passé. Quand une femme présente en révèle deux autres, appartenant au passé. Le narrateur – qui ressemble à l’auteur, et aux narrateurs modianesques –, est seul. Il écrit et aime contempler les passant·es à la terrasse du Villiers, place Villiers où il vit. Une femme vivante, documentariste, lui demande de l’aide pour filmer à Paris, un film sur une écrivaine et peintre morte. La vivante et la morte ravivent un fantôme du passé : une jeune Norvégienne dont s’était épris le narrateur adolescent lors d’un séjour à Oslo des décennies plus tôt. Dans ce labyrinthe temporel, une porte s’ouvre enfin.
Didier Blonde, Oslo, de mémoire (Gallimard). 149 p, 17 euros
Édito initialement paru dans la newsletter Livres du 25 avril. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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