Le classique revisité façon kitsch ou gore : quand les zombies font irruption dans un chef-d’oeuvre de Jane Austen.
Honte d’être surpris(e) en train de dévorer un roman à la gloire des régimes alimentaires ? Gêné(e) d’acheter un livre grouillant de morts vivants ? Un alibi inattaquable vous tend les bras : votre compagnon de bronzage, c’est Jane Austen. Ou, du moins, un pastiche de son oeuvre, catégorie « bouquin pour filles qui préfèrent habituellement lire des magazines », ou « gag gore pour mec qu’aucun livre n’a, depuis son premier bouton d’acné, arraché à ses jeux vidéo » ? Dans tous les cas, Orgueil et préjugés et zombies fera votre bonheur.
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Idée de départ imparable : Elizabeth Bennett ayant enchanté la postérité par sa langue acérée, sa capacité à faire tourner les têtes et ses talents de briseuse de coeurs, pourquoi ne pas la doter de sabres au tranchant éprouvé, lui faire décapiter des douzaines d’adversaires et arracher des ventricules à foison.
Indiscutablement drôle – pratiquant le mash-up, Seth Grahame-Smith remixe le texte original en y insérant des scènes de carnage d’autant plus cocasses que l’écriture singe à la perfection celle d’Austen -, le livre invente une Angleterre de 1813 dans laquelle le péril zombie aurait remplacé la menace napoléonienne. Il y lâche une Elizabeth diplômée de Shaolin, dont les joutes verbales avec Mr Darcy se terminent en baston, la kung-fu girl expédiant prestement son soupirant au tapis. Pour, après avoir ainsi oeuvré pour l’égalité des sexes, finalement consentir à épouser ce beau parti.
Bruno Juffin
Orgueil et préjugés et zombies de Jane Austen et Seth Grahame-Smith (Flammarion), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury, 316 pages, 17,30 €
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