Un livre-ville ouvert sur un monde suggéré et fulgurant à l’image de l’insoluble cité qu’il explore.
Le mystère NYC. Peu de pages, un format singulier, un titre qu’on hésite à prononcer (« nique » ? « ennouailleci » ? « New York City » ?) et un auteur étrangement à la marge, Marc Cholodenko, dont l’art presque magique est d’instaurer un certain rapport de la phrase à la pensée, comme à l’espace où elle(s) s’inscri(ven)t : la feuille de papier et la ville parcourue, puisque le titre donne la clé de cette variation fuguée.
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Une ville à peine suggérée : rues, avenues, miroirs de la lumière et de la pluie, flashes de poésie fulgurants où la pomme se retourne en paume pour dire le work in progress d’un texte en train de se réfléchir, au milieu de la foule et des mots. On a souvent cité Proust au sujet de Cholodenko. Ici, on pense plutôt à ce qui s’est dit parfois de Mallarmé : pour le comprendre, il suffirait de le traduire (en anglais ?).
C’est évidemment absurde, mais cela trahit le désir d’un plan, le fantasme d’une syntaxe cachée, ou d’un simple guide de lecture (les pages n’ont pas de numéro). De quoi parle NYC ? On dira d’un baiser : motif central, noeud des langues, échange des sens et des genres, dans le tourbillon d’un livre-ville où les pensées sont des passantes, qu’un héros sans nom s’octroie, sur un trottoir, pour devenir lui-même le monde. Une carte au trésor, en somme.
Fabrice Gabriel
NYC de Marc Cholodenko (P.O.L), 64 pages, 10 euros.
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