Quand une rencontre amoureuse devient un asservissement. Réussi.
Une jeune femme humiliée et même battue par son compagnon, dans un milieu d’artistes. C’est le propos de ce court texte puissant qui décrit les mécanismes implacables d’un asservissement. La narratrice, dans un monologue que rien ne vient interrompre, déroule le fil des jours depuis sa rencontre avec son amant, un plasticien renommé.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Elle analyse avec lucidité le processus qui de jeune sculptrice pleine de vie l’a transformée en petite chose apeurée. Elle était pourtant arrivée dans l’atelier du maître pleine de projets.
“J’ai pris en toute conscience la décision de m’oublier”
“Craignais-tu que je ne te fasse de l’ombre ?” La relation amoureuse est devenue aliénation. La jeune artiste s’est fondue dans le désir de vouloir plaire, jusqu’à se perdre et arrêter de créer. “J’ai pris en toute conscience la décision de m’oublier.” Il n’y a rien de manichéen dans ce portrait d’une femme découvrant qu’elle a renoncé à être elle-même, mais l’analyse fine d’une relation nocive.
Après Des mots jamais dits, Violaine Bérot poursuit un travail poétique et singulier, qui semble plonger dans l’intériorité de chacun. Par le prisme de la création artistique bridée, la romancière observe avec acuité les enjeux qui sous-tendent les relations hommes-femmes. Et réserve au passage de belles pages sur la sculpture, l’art de travailler une matière brute pour en faire surgir de la beauté.
Nue, sous la lune de Violaine Bérot (Buchet-Chastel), 128 pages, 12 €
{"type":"Banniere-Basse"}