Pourquoi vouloir un esprit sain dans un corps sain ? Dans “Le Secret de la force surhumaine”, la dessinatrice américaine questionne les raisons de son besoin d’exercice physique dans un essai dessiné impressionnant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Compte tenu de notre situation extrême, vous êtes en droit de vous demander à quoi pourrait bien servir un livre de plus sur le fitness écrit par une femme blanche.” Dans les pages d’introduction, Alison Bechdel devance d’éventuelles critiques tout en se représentant munie de bâtons de marche en train de progresser dans la campagne.
Si dans ce livre, elle se montre des centaines de fois en train de grimacer sous les efforts, celui-ci se révèle bien plus enrichissant et puissant qu’un guide d’initiation au fitness, au yoga ou au karaté – des activités auxquelles elle s’est adonnée.
Comme dans Fun Home et C’est toi, maman ?, la dessinatrice américaine utilise le format du roman graphique au long cours pour répondre à des interrogations très personnelles. Ici, elle revient sur sa fascination pour l’exercice physique, fascination qui ne s’est jamais démentie depuis la découverte des publicités pour le culturisme dans ses comics et l’achat par correspondance d’une décevante méthode de ju-jitsu. Pourquoi tente-t-elle depuis des décennies de repousser ses limites comme beaucoup d’autres ? Pour transcender son ego, pressent-elle, avant de revisiter sa propre existence décennie par décennie.
Mise en couleurs avec élégance par sa compagne Holly Taylor Rae, “Le Secret de la force surhumaine” est un puits d’émotions et d’intelligence
Dans le domaine de l’essai dessiné, Alison Bechdel reste la championne inégalée pour relier de manière limpide épisodes autobiographiques, voire traumatiques (le suicide de son père), découvertes littéraires ou événements sociétaux et ce, sans jamais perdre le fil de son propos complexe.
Avec ses compositions lumineuses, son dessin précis et le recours, subtil, aux métaphores graphiques, elle convoque le travail des poètes romantiques britanniques Coleridge et Wordsworth, le transcendantalisme de Ralph Waldo Emerson et Margaret Fuller, et même Jack Kerouac aux côtés de qui elle se met en scène. Mise en couleurs avec élégance par sa compagne Holly Taylor Rae, Le Secret de la force surhumaine est un puits d’émotions et d’intelligence. Si on pratique comme Alison la bibliomancie, on peut même l’ouvrir au hasard pour en tirer des prédictions.
Le Secret de la force surhumaine d’Alison Bechdel (Denoël Graphic), traduit de l’anglais (États-Unis) par Lili Sztajn, 240 p., 26€. En librairie le 31 août.
{"type":"Banniere-Basse"}