Un récit étrange et séduisant, confrontant deux générations que tout sépare.
D’un côté, Marie et Bernard, militants communistes partis s’établir en usine dans les années 1970 ; de l’autre Pierre, leur fils, et Jeanne, sa compagne, d’une génération sans autre horizon que le bonheur, le confort matériel, une vie bien rangée.
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Dès la première phrase (“On commencerait, en premier tableau, par l’usine : d’abord une abstraction inconsistante, un concept à moitié vide sur lequel se greffent les fantasmes”), le livre met toutes les données sur la table pour mieux déconstruire les préjugés sur lesquels elles reposent.
La fiction ne peut pas tout
Il y a une forme d’honnêteté, de pudeur admirable dans l’écriture de Chloé Thomas : elle avoue ses limites (“on ne sait pas ; ni ce qu’elle y voit. On ne saura rien”) et se tient en suspens, presque en retrait, comme si elle craignait de tomber dans l’illusion du narrateur omniscient.
Car la fiction ne peut pas tout ; l’histoire reste un mystère et les déterminismes sociaux des mécanismes complexes. La romancière avance à tâtons, s’interroge sans cesse sur le sens de son projet.
Entre les lignes, on peut lire qu’elle se sait reproduire, elle aussi, ces “lieux communs” de sa classe sociale, au sens littéral (usine, etc.) autant que figuré (ses mots, ses pensées). Pour mieux les dépasser.
Nos lieux communs (Gallimard), 174 pages, 16,50 €
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