Le créateur d’Albator est mort à 85 ans après avoir influencé quantité de créateur·rices avec ses visions d’espace et d’espoir.
En 1943, alors que son père était pilote d’aviation, Leiji Matsumoto, 5 ans, assiste à la projection du film d’animation de Kenzō Masaoka, L’Araignée et la Tulipe, et en sort des étoiles plein les yeux. Il se rendra compte qu’Osamu Tezuka, son aîné de 10 ans, futur créateur d’Astro le petit robot et de nombreuses merveilles, était présent dans la même salle.
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Plus tard, Leiji assistera Tezuka avant de prendre à son tour son envol afin d’explorer le monde féérique et fantastique de son invention. Cette exploration n’aura jamais cessé. “Je suis comme un jeune garçon qui fait un voyage en train sans fin. Je ne veux pas abandonner mon rêve”, affirmait-il en 2019. Après avoir fait rêver à son tour plusieurs générations dans le monde entier et incarné un phare de la pop culture mondiale, Matsumoto s’est éteint le 13 février d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 85 ans.
De grands thèmes universels
La nouvelle, annoncée par la société de production, Toei, marque la fin d’une trajectoire artistique qui a louvoyé entre visions futuristes et souvenirs marquants, voire traumatisants. Ainsi, alors que la guerre entre la Chine et le Japon prend fin en 1945, il part avertir sa grand-mère et la trouve en train d’aiguiser sabres, lances et katanas, préparant ses armes avant que tous les membres de la famille ne se donnent la mort ! Ça n’arrivera pas, heureusement, mais ces moments où sa vie frôlera de près le drame donneront une dimension tragique à quantité de ses œuvres où l’immensité de l’espace sert souvent de refuge aux idéalistes.
Dans Yamato, le cuirassé de l’espace (1974), l’humanité, menacée par les radiations, vit sous terre et voit un cuirassé tenter de rallier une planète située à 148 000 années-lumière pour la sauver. Dans Harlock, sa série la plus connue, popularisée en France grâce à sa version animée Albator, le corsaire de l’espace, des ondes hypnotiques émises par la télévision rendent les Terriens apathiques et vulnérables à l’invasion des Sylvidres, un peuple extraterrestre bien décidé à coloniser notre planète. Mais Harlock, pirate au visage balafré, et son équipage veillent…
L’écriture de Matsumoto repose sur l’alliance de grands thèmes universels – la liberté, l’utopie – avec des galeries de personnages riches où l’humour permet de garder espoir. Alors que le manga, publié entre 1977 et 1979 ne comporte pas de fin, une série animée prend le relais. Diffusés à partir de 1980 dans Récré A2 sur la chaîne française Antenne 2, les 42 épisodes éblouissent la première génération de jeunes français·es exposé·es à l’imaginaire japonais.
Les personnages d’Harlock/Albator, Matsumoto ne les abandonnera pas puisqu’on les reverra dans Galaxy Express 999 ou son adaptation de l’Anneau du Nibelung de Wagner entreprise dans les années 1990. En 2003, Matsumoto accepte de prêter son graphisme aux Daft Punk pour Interstella 5555, la mise en image de leur deuxième album Discovery. Après ce geste que l’on pourrait assimiler à un passage de relais, le géant japonais a continué de se promener dans le monde, coiffé de son bonnet à tête de mort jusqu’à ce que les étoiles le rappellent.
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