Dans son premier roman, Laure Coromines raconte un été rythmé par les essais nucléaires de l’armée américaine. Elle dresse un portrait tout en nuances d’une bande d’adolescents qui va perdre ses illusions.
Été 1957. Toute la petite ville de Saint George dans l’Utah se prépare pour regarder, autour d’un pique-nique, le nuage spectaculaire et coloré laissé par Hood, la “plus grosse explosion atmosphérique sur le continent américain”. Hood fait partie d’une série d’essais nucléaires menés par l’armée américaine dans l’état voisin du Nevada. Alors à Saint George pour fêter ça, on se fait une “coupe atomique” et on mange un “burger atomic”. L’insouciance règne.
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De nombreuses jeunes filles se pressent pour s’inscrire au concours de Miss Atomic, prévu la veille de l’explosion. Tom, lui, a tout juste treize ans. L’arrivée de Hood dans sa vie revêt des airs de rite initiatique. Pourtant, dans sa courte existence, il a déjà vu tellement de fois “le feu et le nuage grossir dans le ciel” qu’il a mémorisé le nom des explosions comme ceux de cousin·es éloignés : George, Ruth, Nancy… Mais il en est sûr : Hood sera différente. Plus spectaculaire, plus dangereuse. Plus excitante.
Des mensonges par omission
Pourtant rien ne se passe comme Tom l’avait rêvé. Au contraire : Hood vient bouleverser le monde tel qu’il le connaissait. Dans son premier roman, Laure Coromines dresse un parallèle entre la découverte des dangers du nucléaire et la perte des illusions d’une bande d’adolescents. Elle a choisi de scinder son roman en deux parties : avant, et après. Pendant que la petite ville de l’Utah ouvre les yeux sur les tumeurs qui poussent sous la peau et alors que les mensonges du gouvernement se dévoilent petit à petit, les violences intrafamiliales éclatent dans les familles de Tom et de ses amis. Ils prennent soudainement la mesure des mensonges par omission de leurs parents pour protéger le rêve de la famille américaine parfaite. L’air, même à l’abri de leur propre maison, était vicié.
Miss Atomic est aussi et surtout un beau roman de l’amitié adolescente, sur la puissance de cette période où il semble que l’amitié n’aura pas de fin. Elle retranscrit avec précision et à la première personne les émotions complexes de Tom. Ses deux amis restent son dernier refuge quand il découvre que son existence, comme le monde dans lequel il vit, est loin d’être infinie. Et qu’il ne reste rien d’autre que le souvenir d’un été pour panser ses plaies.
Miss Atomic de Laure Coromines (Gallimard/ L’Arpenteur) 212 p., 20 €. En librairie le 23 février.
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