Hommage au genre horrifique cher à Dario Argento et malin récit à suspense, un roman graphique aussi riche qu’haletant.
Un papillon sous la lune de sang, Le Chaud Baiser de la tarentule, Les Sept Clés de la terreur… la filmographie de Marco Corvo est pleine de ces titres éloquents qui sentent à la fois le kitsch et le mystère. Cependant, la plus grande énigme concernant ce maître italien (qui, bien qu’inventé de toutes pièces, a travaillé avec Sergio Leone) tient aux raisons de sa retraite, intervenue au milieu des années 1970 sans aucune explication.
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Jusqu’à aujourd’hui : contre toute attente, Corvo a accepté de parler à deux fans. Hommage à la cinéphilie bis et au giallo, ce genre italien mêlant intrigue policière, horreur et érotisme, magnifié par Dario Argento ou Mario Bava, Midi-Minuit débute comme un récit documentaire.
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Légèrement nostalgique, il met en scène ces passionnés qui, avant l’avènement d’internet, étaient prêts à tout pour découvrir un bout de pellicule inédit. Mais, très vite, ce qui pourrait n’être que la douce évocation d’un âge d’or révolu est secoué par de sanglants coups de théâtre, les meurtres de critiques italiens par un tueur masqué…que l’on croirait justement tiré d’un giallo.
Un roman graphique à suspense très contagieux
Spécialiste de l’œuvre de son père, Jean-Patrick Manchette, mais aussi des films de genre, le scénariste Doug Headline a construit avec le dessinateur Massimo Semerano un roman graphique à suspense très contagieux. Les deux auteurs s’immiscent en effet dans les failles minuscules de l’histoire du cinéma afin de provoquer le doute, créer un habile frottement entre réalité et fiction qui débouche sur une astucieuse mise en abyme (un giallo autour du giallo).
Le trait souple et expressif de Semerano permet de jolies acrobaties visuelles telles que l’insertion, parfois sidérante, d’images tirées de films réels. Pas besoin, cependant d’en connaître l’origine. Non seulement les références sont listées dans de riches annexes mais, surtout, le terrain de jeu des auteurs est celui, universel, des fantasmes et du désir.
En revanche, avertissement : lorsqu’on referme ce livre habité, l’envie de voir un giallo bien étrange peut se manifester de manière urgente. Bonne nouvelle, Argento a droit cet été à une rétrospective.
Midi-Minuit de Doug Headline et Massimo Semerano (Dupuis), 176 p., 22 €
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