Des personnages torturés par leur passé : du pur Marie NDiaye dans un recueil de textes pour le théâtre.
Trois courtes pièces de théâtre composent ce recueil. Par leur forme et leur brièveté, elles semblent constituer une épure de l’écriture et l’univers de l’auteure de Trois Femmes puissantes (Prix Goncourt 2009). Monologues sans réponses ou dialogues de sourds, ces pièces illustrent le sentiment de culpabilité et toutes trois interrogent la transmission entre les générations.
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Dans Délivrance, peut-être le plus beau texte du recueil, un exilé écrit inlassablement à sa femme restée dans le pays d’origine. Pour une raison inconnue, elle ne lui répond pas. Dans chaque lettre, il s’inquiète pour elle, pour leur enfant, et demande avec insistance ce que deviennent ses vieux parents. On retrouve ici cette façon très particulière qu’a Marie NDiaye de faire apparaître un personnage, son histoire et son passé, grâce à un lent dévoilement de strates narratives.
Dans Berlin mon garçon une femme part à la recherche de son fils, dans une ville qu’elle ne connaît pas, rencontre un homme qui l’accueille, quand le père du garçon et la grand-mère sont restés en France. Leurs différentes voix se croisent au-dessus de ce trou noir, la disparition inexpliquée du fils.
Tous les personnages du recueil, et peut-être tous les personnages nés de l’imagination de l’auteure de Rosie Carpe, semblent cacher des secrets indicibles
Honneur à notre élue met en scène un combat sans pitié mené par un opposant contre une femme politique. L’élue voit apparaître deux personnes âgées se présentant comme ses parents, alors qu’elle avait toujours dit à ses proches qu’ils étaient morts. “Si vous payez un jour pour quelque chose que vous n’avez pas commis, est-ce que cela ne rachète pas le crime que personne n’a su ?” s’interroge-t-elle à la fin de la pièce. La question pourrait être posée par tous les personnages du recueil, et peut-être par tous les personnages nés de l’imagination de l’auteure de Rosie Carpe, tant chacun semble cacher des secrets indicibles. Marie NDiaye suggère plus qu’elle n’en dit, ainsi les hommes et les femmes qu’elle construit patiemment sont toujours porteurs d’étranges mystères.
Trois Pièces (Gallimard), 160 p., 18 €. Parution le 4 avril
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