Une adaptation bouleversante du « Rapport de Brodeck » de Philippe Claudel.
Rescapé des camps, Brodeck, de retour dans son village, se voit confier par les mâles presque autistes de sa communauté une étrange mission de scribe : rendre compte, dans une neutralité revendiquée, de l’assassinat aussi irraisonné que collectif d’un étranger.
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En tour de force virtuose d’une adaptation à la fois fidèle et personnelle du roman de Philippe Claudel, Manu Larcenet trace les contours de l’enfer, et d’un héros malgré lui, boule de flipper entre l’horreur nazie et l’abrupt médiéval d’un groupe confit dans les conventions sociales. Il joue avec les codes narratifs, en un noir et blanc illuminé par la froide lumière de l’encre de Chine, alternant cases minuscules ou panoramiques et encrages épais et brouillés, magnifiquement libertaires dans l’agencement de l’espace.
Avec sobriété, l’auteur de Blast radioscopie l’affrontement d’hommes de peu, pour lesquels la nature, omniprésente, n’offre qu’un illusoire havre de paix : certains s’avèrent, à travers viols et asservissement, simplement plus meurtriers et cyniques que d’autres. Un album essentiel, bouleversant, dont on ne peut attendre qu’avec impatience la dernière levée du diptyque.
Le Rapport de Brodeck, tome 1 : l’autre Dargaud, 160 pages, 22,50 €
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