Chaque semaine, nous interrogeons une personnalité sur son rapport au web. Aujourd’hui, Loulou Robert, mannequin mais aussi écrivaine raconte comment Internet influence deux carrières qui s’entrecroisent.
Il est de bon ton de parler de « slasheuse » pour évoquer ces filles qui cumulent des activités qui peuvent paraître très éloignées. Mannequin, écrivain… Loulou Robert en est un bon exemple. Salué unanimement par la critique, son premier livre Bianca (édition Julliard) sur le mal-être adolescent l’a propulsée sur le devant de la scène. Et un second devrait débarquer sous peu. A la terrasse d’un café, le regard jamais loin de son smartphone, la jeune femme de 23 ans raconte comment Internet façonne son image publique…
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Quels sont tes premiers souvenirs sur Internet?
Loulou Robert – Je me souviens de MSN, de mes premiers échanges avec mes copains, mes amoureux. Je me souviens aussi de mes premiers exposés faits avec mon père [le journaliste Denis Robert, ndlr]. On allait sur internet, dans son bureau. C’était un grand moment !
Quels sont tes sites préférés (ceux que tu consultes chaque jour) ?
Chaque jour, je vais sur Voyages-Sncf. Je regarde quand je vais pouvoir rentrer à Metz, rejoindre mes proches. Je suis complètement addict à Instagram. Il m’arrive aussi de taper mon nom sur des moteurs de recherche afin de voir si il y a de nouveaux articles en ligne me concernant… J’aime passer du temps à chercher des recettes sur des sites de cuisine comme sur le site de Elle. Je m’amuse même si je passe difficilement le cap de les reproduire… Au niveau informatif, j’ai les applications de Libération et du Monde sur mon téléphone, cela me permet d’être à l’affût des nouvelles concernant le monde et la société. En somme, je suis connectée !
Si je te demande une personne qui t’inspire sur la toile ?
C’est souvent une question que l’on me pose dans le milieu de la mode. J’ai toujours du mal à y répondre. Il n’y a personne qui m’inspire sur le net et en règle générale mis à part les personnes que j’aime, je ne suis pas inspirée par des « icônes ».
Loulou Robert ©Camille Desbos
En tant que mannequin, ton image a beaucoup d’importance. Les réseaux sociaux sont-ils déterminants dans ta carrière de modèle ?
J’ai commencé à être présente sur Instagram pour d’autres raisons. J’étais à New York, l’application s’est présentée à moi comme un formidable outil de communication et d’échange avec mes proches. Je postais des photos de moi régulièrement. Je me suis prise au jeu. Un peu plus tard, Instagram a explosé. Aujourd’hui, tous les mannequins ont des comptes Instagram et des milliers de followers, je ne me considère pas comme une « influenceuse » mais les réseaux sociaux sont devenus très importants dans nos carrières. A New York, cela saute aux yeux. L’impact au niveau des marques et des clients est notable. Il ne faut pas le négliger. Le fait que mon Instagram devienne une page publicitaire ne me ferait pas particulièrement plaisir. Il faut trouver un juste milieu…
As-tu plus de réticence à utiliser certains réseaux sociaux ? Pourquoi désertes-tu Twitter ?
Je fais attention. Je modère. Mon père a parfois eu beaucoup de problèmes avec les réseaux sociaux. C’est pourquoi, je ne fonce pas tête baissée dans toutes les nouveautés. Twitter, je ne sais pas comment cela fonctionne et ça ne m’attire pas particulièrement. Je me suis mise récemment à Facebook. Mon éditeur me l’a conseillé. Mais je suis déçue, ça ne me plaît pas vraiment. Je ne trouve pas ça ludique. C’est moins visuel qu’Instagram.
Aujourd’hui, est-ce nécessaire de se faire une place sur les réseaux sociaux pour défendre sa notoriété et son actu ?
Oui bien sûr. C’est important. C’est un moyen de communiquer plus directement, de tisser un lien avec son public. Mais il y a un risque : n’importe qui peut avoir accès à ta vie personnelle…
Quand on scrute ton compte Instagram, on a presque l’impression de lire un journal intime. Tu le conçois également comme ça ?
Pour moi, il s’agit plus d’un journal de bord qu’un journal intime. J’aime l’idée de partager des photos d’endroits et de gens que j’aime. Je n’en suis pas au point de poster ce que je mange ni des photos de l’ordre du domaine sentimental mais créer un univers coloré, un journal de bord en images est un joli exercice. C’est chouette !
As-tu déjà eu peur de trop partager ta vie privée et que cela porte préjudice à ta vie personnelle?
Bien sûr. Parfois j’ai des appréhensions quand je poste des photos de mes proches. Je n’ai pas envie que tout le monde ait accès à mon jardin secret.
Attaches-tu beaucoup d’importance au nombre de vues/likes de chacune de tes parutions ?
Oui je regarde, je trouve ça drôle. Cela n’altère en rien mes posts. J’aime l’idée de partager un peu de tout. Je sais très bien qu’un selfie de moi récoltera beaucoup plus de likes qu’une photo de mon chien ou d’une soirée. Mais j’aime l’idée qu’Instagram soit un ensemble, un peu comme un album photo. Le but est de partager des instants. Je me fiche des retombées…
Loulou Robert ©Camille Desbos
En plus d’être mannequin, tu es aujourd’hui écrivaine. Quelle place occupe internet dans ton processus d’écriture ?
Internet est très important pour moi, surtout pour me documenter. Par exemple dans mon premier livre, quand j’ai expliqué que le ventre était le deuxième cerveau du corps, je m’étais renseignée au préalable. Je cherche aussi des synonymes parfois… J’ai besoin de me documenter, de regarder des photos pour trouver l’inspiration… C’est important et nécessaire d’avoir un accès aussi simple à l’information. Au niveau de la musique aussi, je passe mon temps sur Spotify. C’est mon application préférée. La musique m’inspire…
As-tu besoin de totalement te déconnecter pour écrire ?
Pas du tout, au contraire ! J’aime écrire dans les cafés. Entourée de beaucoup de personnes mais dans ma bulle, sur mon nuage. Du coup, je mets la musique dans mes écouteurs et j’ai l’impression d’être loin tout en étant connectée… Oui, je suis paradoxale.
Dès le départ, dans ta carrière de mannequin, tu as fait des photos très dénudées. Ces images circulent sur internet. Comment vis-tu que ton intimité soit accessible en quelques clics?
J’ai toujours été assez détachée et détendue par rapport à ça. Je reconnais que cela ne me touche pas vraiment. C’est drôle de voir que ce sont les photos de moi les plus regardées sur la toile. Je n’ai pas honte de ces photos, elles sont belles. Je le vis bien.
N’as-tu jamais eu peur que ces images puissent nuire à ta carrière d’écrivaine?
Dans ma carrière, pas du tout ! Au contraire, il y a un lien, un parallèle. Pour écrire, il faut parler de ses expériences et peut être qu’un jour je parlerai de ce rapport au corps et à la nudité. C’est un sujet intéressant. Par contre dans ma vie personnelle, cela m’a porté préjudice. Surtout au niveau sentimental. Ce n’est pas toujours évident d’être exposée de cette manière. Je ne regrette rien. Cela fait partie de moi, de mon travail, de ce que je suis. Je trouve que ces photos sont belles. Je n’ai pas honte de mon passé. Et je pourrai le refaire. Je suis mannequin mais avant tout auteure.
Si je consulte ton historique web, y a t-il un site qui pourrait te faire rougir ?
Comme toutes les filles, je surveille les photos des gens que j’aime. Je suis à l’affût. Plus sérieusement, en ce moment je suis plutôt sur des sites de challenges sportifs. Je ne suis pas vraiment fière mais c’est vrai : « Comment avoir un ventre plat en un mois ?« . Et oui, là aussi nous sommes toutes les mêmes… Il faut en rire!
Photos et propos recueillis par Camille Desbos.
Loulou Robert, Bianca, édition Julliard, 2016.
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