A travers deux femmes qui travaillent sur l’affaire Patty Hearst, la romancière dénonce les archaïsmes sexistes et sociaux.
A l’heure où la mode est aux biopics classiques, Lola Lafon construit un roman d’une étonnante inventivité autour d’une héroïne ayant existé, Patricia Hearst. Elle confronte d’autres personnages à l’histoire hors norme de la jeune femme, pour mieux l’analyser.
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Etats-Unis, milieu des années 1970. Patricia Hearst, fille et petite-fille d’hommes d’affaires, est enlevée par un groupuscule révolutionnaire. Très vite, elle épouse leur cause jusqu’à passer à la lutte armée à leurs côtés et participer au braquage d’une banque.
Lola Lafon revient méticuleusement sur ce fait divers, rassemble des témoignages, note la façon dont la presse réagit. Et conduit le lecteur à s’interroger : pourquoi une femme qui s’émancipe de son milieu et choisit l’action politique dérange-t-elle à ce point l’ordre social ?
Un texte au rythme qui tient jusqu’à la dernière page
Mais c’est parce que Lafon travaille en romancière que son livre est captivant. Elle aborde son sujet en imaginant les pensées d’une universitaire américaine chargée, à l’époque, d’étudier l’affaire Hearst, assistée par une jeune provinciale.
C’est à travers elles et leurs vies que l’on découvre le fait divers, ainsi que d’autres histoires similaires qu’elles exhument. Interpellant son personnage principal, l’auteure de La petite communiste qui ne souriait jamais insuffle à son texte un rythme qu’elle tient jusqu’à la dernière page.
A la radicalité politique de Hearst répond celle de Lafon qui questionne, dénonce, nous force à regarder les archaïsmes et préjugés de notre société envers les femmes. Ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.
Mercy, Mary, Patty (Actes Sud), 240 pages, 19,80 €
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