Quel est le point commun entre Manu Larcenet, Luz et Tiphaine Rivière ? Ils et elle ont tous les trois adapté un roman en BD. Et ce ne sont pas les seul·es…
Récemment sortait en France l’adaptation par le dessinateur Manu Larcenet de La Route, le roman postapocalyptique de Cormac McCarthy. Un événement mondial : cette relecture aux nuances de gris désespérées avait droit à dix traductions simultanées.D’ores et déjà programmée pour être un des succès de l’année, La Route est la figure de proue d’une tendance qui, si elle n’est pas récente – le même Larcenet, par exemple, avait déjà adapté Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel entre 2015 et 2016 – ne cesse de s’installer dans le paysage. “La science-fiction se prête souvent mieux à la représentation par l’image que par le verbe”, avance l’auteur chinois Liu Cixin qui a supervisé l’adaptation graphique de son best-seller Le Problème aux trois corps au moment où une série Netflix du même nom arrive sur les écrans. Les exemples sont multiples et ne concernent pas seulement la fiction.
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Ainsi, la dessinatrice Tiphaine Rivière s’est librement inspirée de La Distinction de Bourdieu pour obtenir un joli score (40 000 exemples imprimés), montrant après Capital et idéologie de Claire Alet et Benjamin Adam d’après Thomas Piketty que la bande dessinée se prêtait bien à la vulgarisation. Mais les succès littéraires ne donnent pas automatiquement les meilleures ventes du rayon BD. Si Le Nom de la Rose d’Umberto Eco par Milo Manara ou Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre revu par Christian de Metter ont dépassé les 100 000 ventes, la passerelle ne fonctionne pas sans cahot. Ainsi, les adaptations de Virginie Grimaldi n’ont pas réussi le coup espéré.
Comment transformer l’essai ?
Dans un marché marqué par la surproduction (environ 5 000 BD sont produites chaque année), l’adaptation crée une connivence immédiate avec le public initial du livre. Mais, pour que l’essai soit transformé, il faut une véritable appropriation par le dessinateur ou la dessinatrice, une transposition artistique. Le meilleur exemple reste la trilogie de Virginie Despentes, Vernon Subutex, que Luz avait sublimée. Pour l’occasion, l’écrivaine s’était d’ailleurs impliquée jusqu’à changer la fin.
Édito initialement paru dans la newsletter Livres du 18 avril. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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