Un dialogue vif entre deux écrivain·es engagé·es autour du pouvoir révolutionnaire de la littérature.
Une littérature qui ne se contenterait pas de décrire le monde, mais viserait, par l’écriture même, à le transformer : c’est à cette tradition révoltée que se rattachent Kaoutar Harchi (Comme nous existons) et Joseph Andras (De nos frères blessés…) dans un dialogue enlevé sur leurs pratiques d’écrivain·es.
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Idées complices
Méfiant·es l’une et l’autre devant les “vains artifices romanesques”, cherchant à “avancer vers ce que nous appelons communément la vérité au moyen d’une écriture qui ne truque pas”, comme le dit Andras, les écrivain·es échangent des idées complices sur ce qui pourrait être défini comme une “littérature de combat. On doit marcher, nous, écrivains désireux de transformer l’ordre social, sur un fil de fer”.
Tout se tient dans un même mouvement : le combat, la morale et l’esthétique. “Sans combat, on reproduit l’existant. Sans morale, on fait une littérature de peloton d’exécution. Sans esthétique, on ne fait pas de littérature”, avance Andras. Consciente du reproche qu’on pourrait leur faire de sacrifier la littérature en politisant l’écriture, Kaoutar Harchi, qui est aussi sociologue, défend une “morale de la forme, qui va contre la forme immorale, la forme sans morale”.
Avouant qu’elle commence toujours par écrire “contre” – l’ordre social –, elle remarque qu’elle écrit aussi “pour” – ce qui pourrait exister autrement. Dans cette dialectique entre un refus et un rêve, Harchi et Andras ancrent subtilement leur geste d’écriture : un amarrage “aux mouvements des cœurs et des esprits qui se refusent au malheur et se jettent dans l’espérance d’une société égale”.
Littérature et Révolution de Joseph Andras et Kaoutar Harchi (Divergences), 230 p., 16 €. En librairie le 10 janvier.
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