Les Inrocks vous emmènent sur les traces de lieux mythiques disparus. Ce mois-ci, une précurseuse et prescriptrice librairie de Saint-Germain-des-Prés.
Des centaines de librairies indépendantes vont, comme à chaque rentrée, jouer un rôle essentiel dans le soutien et le rayonnement de la littérature. Nous avons eu envie de leur rendre hommage en nous souvenant du 7, rue de l’Odéon (en attendant la pose d’une plaque à cet emplacement par la Ville de Paris).
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Entre deux guerres, ce lieu va vite devenir le rendez-vous des plus grand·es écrivain·es
Non pas pour le salon de coiffure qui s’y trouve aujourd’hui ou pour le magasin d’armoires normandes qui s’y trouvait jusqu’en 1915, année où une certaine Adrienne Monnier investit le lieu, mais pour la librairie de légende ouverte par cette géniale jeune femme de 23 ans. Il faut se souvenir de La Maison des amis des livres pour comprendre, si besoin en était encore, l’importance de la librairie dans le monde littéraire.
Entre deux guerres, ce lieu va vite devenir le rendez-vous des plus grand·es écrivain·es, F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Colette, Walter Benjamin, James Joyce, Léon-Paul Fargue, Paul Valéry, Djuna Barnes, Louis Aragon, Simone de Beauvoir, et tant d’autres. Travaillée par le désir d’offrir un accès encore plus grand à la littérature, Monnier va y instaurer un fonctionnement de bibliothèque, où les lecteurs et lectrices peuvent y emprunter un livre avant de décider de l’acheter ou non.
Sa compagne, l’Américaine Sylvia Beach, suivra son exemple et ouvrira sa propre librairie, Shakespeare and Co, quelques rues plus loin, en 1919 – c’est ainsi que les deux femmes construisent les fondations du Saint-Germain-des-Prés littéraire qui deviendra mythique dans le monde entier.
Quand Beach publie une œuvre fondamentale et d’avant-garde, Ulysse de Joyce, en 1922, c’est Monnier qui en publie la traduction française en 1929, assurant la diffusion avec panache dans sa librairie. Pour se replonger dans cette aventure magnifique, on lira Passage de l’Odéon (Folio, 2005), le livre que Laure Murat consacra à cette passeuse essentielle.
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