Redécouverte de Charles Stevenson Wright, plume illuminée de la marge new-yorkaise des années 1960. Pensée élevée et poing levé.
Dénicheurs intrépides d’ovnis littéraires oubliés, les éditions du Tripode poursuivent la traduction en français de l’œuvre du freak noir américain Charles Stevenson Wright. Paru il y a deux ans, Le Messager, premier volet de sa trilogie new-yorkaise, emboîtait le pas d’un coursier déglingué, Lester Jefferson.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Toujours marginal mais aspirant à monter en grade, le narrateur ultracoquet des Tifs espère bien voir le cours de sa vie changer quand il domestique sa folle coupe afro (intimement surnommée sa “couronne d’épines”) grâce au décrêpant Silky Smooth.
Des avenues enfiévrées de Harlem aux quartiers chic
“Je vais rentrer dans le lard de cette ville, même si je dois y laisser ma peau”, se promet-il, avant de partir à l’assaut de Manhattan. Des avenues enfiévrées de Harlem aux quartiers chic, escorté un temps par un comédien sur le retour puis par une pute au pas très grand cœur qui hante ses pensées, Lester cherche sa place au soleil mais finit à quatre pattes à Times Square, dans un costume de poulet frit.
James Baldwin était un grand admirateur de Charles Stevenson Wright, et l’on ressent aujourd’hui l’influence de sa littérature combattante et drôle, désespérée et toujours en lutte, sur les romans corrosifs de Paul Beatty. Wright, lui, est mort seul et oublié en 2008 dans un hospice du Lower East Side. Que son règne arrive.
Les Tifs de Charles Stevenson Wright (Le Tripode), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé, 197 pages, 22 €
{"type":"Banniere-Basse"}