Avec ce nouveau tome de Bride Stories, Kaoru Mori poursuit sa peinture de l’Asie centrale du XIXe siècle. Une fresque humaniste sous influence Jirô Taniguchi.
Dans Shirley puis Emma, Kaoru Mori utilisait un personnage central pour explorer l’Angleterre victorienne. Dans Bride Stories, c’est par le biais d’une institution, le mariage, qu’elle pénètre la culture de l’Asie centrale au XIXe siècle.
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Le mariage – sa perspective, ses préparatifs, sa célébration, ses aléas… – lui offre en effet autant de ressorts dramatiques que de fenêtres sur le quotidien de ce monde entre mers Caspienne et d’Aral, steppes kazakhes et monts kirghizes, dont il est un des piliers.
Des siècles de tradition
Au fil de la série, on suit ainsi la destinée matrimoniale de la merveilleuse Amir, mariée à un garçon de huit ans son cadet ; de la belle Talas, cinq fois veuve ; des turbulentes jumelles Layla et Leyly ; de la douce Anis qui épousera une “sœur conjointe” ; et, dans ce neuvième tome, de la jeune Pariya, dont la brusquerie ne désarme pas son prétendant, le sage Umar.
A travers ses héroïnes, Kaoru Mori ambitionne de brosser une fresque historique à hauteur d’homme – et de femmes –, de peindre avec une précision quasi anthropologique une société à ce point polie par des siècles de tradition qu’elle ne laisse aucune prise à la modernité, incarnée par un candide voyageur anglais et la lointaine menace russe.
Costumes somptueux
Ancrée dans le quotidien, chaque histoire est l’occasion de se pencher sur les pratiques et les coutumes locales : tapisserie, broderie, ébénisterie, cuisine… L’auteure y prend un plaisir évident et communicatif, servi par un dessin délicieux.
Ses décors sont d’une richesse admirable, ses costumes somptueux, son aisance aussi stupéfiante lorsqu’elle représente une scène de chasse que le patient travail du bois, la moiteur d’un hammam ou la furie d’une bataille.
Il y a du Taniguchi – influence revendiquée – dans ces espaces qui respirent, ces animaux palpitants de vie, cette atmosphère bienveillante. Et surtout dans l’humanité dont est pétri chaque personnage, qui les rend proches et attachants aussi éloignés soient-ils. Jean-Baptiste Dupin
Bride Stories, tome 9 (Ki-oon), traduit du japonais par Yohan Leclerc, 240 pages, 7,65 €
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