Dans ce manga inquiétant, Shuzo Oshimi dévoile la relation toxique entre une mère et son jeune fils. Un thriller aux faux airs de paisible chronique familiale.
« Pour ton petit-déjeuner, tu préfères une brioche à la viande ou aux haricots rouges ? » Chaque matin, le jeune Seiichi a droit à la même question rituelle. Prévenante, souriante, sa mère prend soin de lui, compensant les absences de son mari pris par le travail.
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La vie du garçon respire l’insouciance : quand il ne s’amuse pas avec ses copains de l’école, il joue avec son cousin, le casse-cou Shige dont il apprécie la compagnie, à part quand celui-ci se moque de sa mère trop protectrice.
Une chronique sentimentale ambiguë
Dans cette série pleine de faux-semblants, Shuzo Oshimi met son élégant graphisme hachuré au service d’une histoire qui pourrait être celle, guère remuante, d’une famille vivant dans l’harmonie.
Mais le mangaka a pris soin de teinter d’ambiguïté sa chronique sentimentale, plaçant en introduction un élément glaçant. Le premier volume s’ouvre en effet sur un rêve de Seiichi aussi inquiétant que réaliste : sa mère et lui caressent dans la rue un chat avant de comprendre que la vie a quitté l’animal.
A partir de là, malgré les sourires et la gentillesse générale, un danger invisible, presque irrationnel, plane sur l’existence routinière de Seiichi. La menace se concrétise lorsqu’une promenade vire au drame et révèle le véritable visage de sa mère.
Une retenue sadique
Shuzo Oshimi transforme alors Les Liens du sang en un troublant thriller psychologique où le moindre échange de regard est porteur de tension et d’une inquiétude sourde. Multipliant les aplats de noir, les gros plans sur les yeux de Seiichi et de sa mère, l’auteur met l’emphase sur une relation toxique dont on craint de connaître l’étendue – au Japon, un troisième volume est paru mais la série n’est pas terminée.
Habitué à disséquer les pulsions de ses personnages, quitte à se salir les mains, Oshimi fait preuve ici d’une retenue sadique, jouant avec nous comme avec des fourmis qu’il guiderait dans un piège de son invention. Et arrive le moment où aucune réplique ne paraît aussi effrayante que cette question : « Pour ton petit-déjeuner, tu préfères une brioche à la viande ou aux haricots rouges ? »
Les Liens du sang Tomes 1 et 2 (Ki-oon), 216 p. et 208 p., 7,90 € chacun
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