Constance Debré en son nom, le tendre Connard de Despentes, une nuit au musée avec Lola Lafon… et bien d’autres encore, à glisser au pied du sapin.
1 Constance Debré Nom (Flammarion)
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L’année a commencé par l’un de ses textes les plus forts : après Play Boy et Love Me Tender, Constance Debré allait encore plus loin dans l’écriture comme manifeste d’un affranchissement de tout et surtout de son nom, première des injonctions. Toutes les origines y passent, toute la famille : les parents toxicos et magnifiques, la bourgeoisie mortifère, ceux et celles qui s’en sortent, ceux et celles qui y crèvent comme des papillons épinglés, la mort et l’amour parce que quoi d’autre ? Et un “je” porté par une langue simple, comme factuelle, qui ne se donne que comme exemple, pas comme modèle, et qui expérimente une autre vie possible, un être-au-monde hors des chemins tout tracés.
2 Virginie Despentes Cher Connard(Grasset)
Le roman événement de la rentrée et un succès annoncé. Cinq ans après avoir achevé sa trilogie Vernon Subutex, Despentes est revenue en grande forme cette année avec un texte épistolaire où un homme et une femme, tous·tes deux transfuges de classe, cabossé·es, tox, seul·es, s’écrivent et s’épaulent. Une manière époustouflante pour l’écrivaine de visiter l’addiction, le vieillissement, les pièges de la célébrité, l’amitié, la pandémie, et bien sûr MeToo. Avec son style qui cogne franc, va vite, se fait tendre, n’en rate pas une et est aussi drôle.
3 Lola Lafon Quand tu écouteras cette chanson (Stock)
C’est la belle surprise de la rentrée. Lola Lafon est partie sur les traces d’Anne Frank à Amsterdam, avec le but de raconter sa nuit au musée (titre la collection) consacré à l’adolescente. En ressort un livre inclassable, entre récit historique, intime, devoir de mémoire pour livrer toutes les facettes de cette jeune fille qui périt en camp après avoir raconté l’enfermement dans son journal. À travers cette expérience, Lafon se confronte à la propre histoire de sa mère déportée, elle aussi, et qu’elle n’a jamais pu affronter. Nous l’avons choisie pour lui remettre le prix Les Inrockuptibles 2022.
4 Léonora Miano Stardust (Grasset)
Stardust aurait pu être son premier roman, sauf qu’elle ne l’a pas voulu, de crainte de rester à jamais l’écrivaine SDF de service pour la presse française. Vingt ans plus tard, avec une œuvre plus que remarquée, Léonora Miano peut enfin publier ce récit puissant, plongé dans ses années de galère à Paris, jeune Africaine mère d’une petite fille, allant d’hôtels borgnes en foyers d’accueil pour femmes sans abri. Ce qui frappe c’est, déjà, une grande maîtrise et une grande intelligence. Car il en faut pour trouver le ton juste, précis, afin de mieux dire une réalité difficile, invisible à beaucoup et qui existe tous les jours à côté de chez nous.
5 Eileen Myles Chelsea Girls (éditions du sous-sol)
Une très grande découverte en France, à qui nous avons attribué notre prix du roman ou récit étranger. Poétesse underground et icône lesbienne, Eileen Myles signait Chelsea Girls en 1994, qui allait devenir culte. à travers cet ensemble de textes écrits comme autant de récits, de nouvelles ou d’essais, elle raconte sa vie et ses nuits dans les 80’s (principalement à New York), ses amitiés et ses amours, les filles qu’elle croise dans des bars et des restos, avec une langue simple, directe, furieusement pop, qui rappelle aussi bien Warhol que le Bret Easton Ellis de Moins que zéro – en plus drôle et plus queer.
6 Grégoire Bouillier Le cœur ne cède pas (Flammarion)
7 Maria Stepanova En mémoire de la mémoire (Stock)
8 Monica Sabolo La Vie clandestine (Gallimard)
9 Nicolas Mathieu Connemara (Actes Sud)
10 Emmanuelle Bayamack-Tam La Treizième Heure (P.O.L)
11 Maria Larrea Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (Grasset)
12 Diaty Diallo Deux Secondes d’air qui brûle (Seuil)
13 Leïla Slimani Le Pays des autres, 2 – Regardez-nous danser (Gallimard)
14 JJean Rolin La Traversée de Bondoufle (P.O.L)
15 Fernanda Melchor Paradaïze (Grasset)
16 Claire Baglin En salle (Les Éditions de Minuit)
17 Gabriella Zalapì Willibald (Éditions Zoé)
18 Blandine Rinkel Vers la violence (Fayard)
19 Anthony Passeron Les Enfants endormis (Globe)
20 Orhan Pamuk Les Nuits de la peste (Gallimard)
21 Mona Messine Biche (Livres Agités)
22 Max Porter La Mort de Francis Bacon (Seuil)
23 Simon Johannin La Dernière Saison du monde (Allia)
24 Joël Casséus Demi-Ciel (Le Tripode)
25 Thomas Rosier Un monde de salauds souriants (Actes Sud)
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