Après : La Légèreté,, la dessinatrice raconte comment son enfance fut le moment d’un éveil à la nature et à la littérature.
“Je compte bien rester éveillée, attentive au moindre signe de beauté. Cette beauté qui me sauve, en me rendant la légèreté.” C’est sur ces phrases, sur fond bleu de mer, que s’achevait La Légèreté, l’album cathartique conçu par Catherine Meurisse après les attentats du 7 janvier 2015 et la fusillade dans les locaux de Charlie Hebdo.
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Autobiographique et prônant également l’exaltation par l’art,Les Grands Espaces ne constitue pas la suite de La Légèreté… Il aurait même dû le précéder. Dans ses dédicaces, la dessinatrice réserve en effet une“pensée” à Charb “qui attendait cet album”.
Le musée du Louvre comme lieu de réconfort et d’éveil
Au carrefour des deux livres, on trouve le musée du Louvre, lieu de réconfort pour l’artiste adulte et source d’éveil pour la petite fille qu’elle met, ici, en scène. Après une enchanteresse page d’ouverture où elle remonte le temps, Catherine Meurisse raconte ainsi comment ses parents les ont élevées, sa sœur et elle, à la campagne. Dans un petit village, la famille retape une ferme abandonnée, s’occupe à replanter arbres et fleurs tout en pratiquant les boutures littéraires – Pierre Loti ou Proust sont régulièrement convoqués.
Si l’album condamne l’utilisation d’herbicides et l’évolution de l’agriculture, il n’a rien d’un manifeste écologique trop appuyé. Mené sur le rythme de la flânerie, voire de la rêverie, passant d’une émotion olfactive à un souvenir burlesque – très présent, l’humour est souvent délicieusement cruel – Les Grands Espaces constitue un plaidoyer poétique pour le respect de la nature. Pas seulement pour la préserver mais parce qu’elle nous nourrit, au sens littéral mais aussi comme matière spirituelle.
Bien accompagnée par les couleurs d’Isabelle Merlet, la dessinatrice offre des paysages dans lesquels les yeux s’oxygènent. Grâce à son trait sensible et capable de pas de danse, elle partage son amour de la végétation sauvage, retranscrit les textures des vieilles pierres et les odeurs avec passion. Une singulière promenade, tendre et comique, précieuse comme un herbier de sentiments.
Les Grands Espaces (Dargaud), 92 p., 19,99 €
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