Les souvenirs d’une prime jeunesse idyllique en Afrique, qui n’évite pas la critique des Blancs.
Lorsqu’il était petit, Vincent Hein vivait à Abidjan. C’était la fin des années 1970 et son père, expatrié, dirigeait une entreprise de travaux publics. Ainsi, dans ses souvenirs, il évoque avec une douceur infinie le marché bigarré de Biétry, la jeune employée de maison qui s’occupait de lui avec attention, “la lumière tendre, ombragée et fleurie, la pile d’ananas suintante de sucre dans un coin de la cuisine”.
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Pour autant, la mélancolie n’interdisant nullement la lucidité, Hein porte un jugement sévère sur les Français qu’il côtoyait, installés en Afrique parce que cela leur apportait “une considération à laquelle chez eux ils n’avaient jamais eu accès”.
“Négrillon blanc”
Peu à peu, le vernis du tableau s’écaille, on devine le désarroi d’un père arrivé là plein de bons sentiments, qui se met à boire lorsqu’il mesure l’hypocrisie du système dont il est malgré lui acteur. Alors une profonde douleur envahit le récit, et plane dès lors, inéluctable, la menace d’un drame que le petit garçon ne peut empêcher.
Aujourd’hui, Vincent Hein ne se lasse pas de se souvenir du temps où il se rêvait “négrillon blanc” dans les rues poussiéreuses d’Abidjan. Il s’interroge aussi sur ce que cette enfance a apporté à l’homme qu’il est devenu : “ce sentiment très complexe, fascinant, doux-amer, d’être pour toujours un étranger chez soi”.
Les Flamboyants d’Abidjan (Stock ), 160 pages, 17 €
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