Dans son premier recueil d’essais, l’écrivaine dézingue Donald Trump, les chaussettes qui s’égarent ou encore le patriarcat et le capitalisme, responsables de l’urgence climatique actuelle.
Comment ne pas apprécier un livre dont la table des matières s’intitule et ce avec beaucoup de malice, “Table des mécontentements” ? Dans Les choses sont contre nous, son premier recueil d’essais, l’auteure américaine Lucy Ellmann, finaliste en 2020 du prix Les Inrockuptibles dans la catégorie littérature étrangère pour Les Lionnes (Seuil), propose quatorze textes a minima réjouissants, pour la plupart brillants, tant son humour et sa liberté de ton et d’écriture emportent tout sur leur passage.
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Si certains de ces essais ont déjà été publiés dans la presse britannique et américaine entre 2000 et aujourd’hui – une bonne partie d’entre eux ayant été retravaillés pour cette nouvelle publication, avec notamment des ajouts sur l’affaire qui nous occupe tous·tes depuis maintenant deux longues années : la pandémie de Covid-19 –, d’autres sont inédits.
“L’art perdu du pas-bouger”
Citons par exemple “Gros nuls à gogo”, attaque en règle contre “ce loser, cet imbécile, ce voyou” (liste non exhaustive) de Donald Trump, ou encore le chapitre introductif dénonçant toutes ces “choses qui sont contre nous” – pêle-mêle, les “allumettes qui refusent de s’allumer” (horreur), les “chaussettes belligérantes [qui] cherchent à nous fuir” (insupportable) ou encore “le pamplemousse qui vous crachera toujours dans l’œil” (peut-on, dans ce monde injuste, atroce et cruel, nous laisser souffler cinq minutes ?).
Volontiers provocatrice et résolument critique du patriarcat et du capitalisme, responsables de l’urgence climatique actuelle – voir les hilarantes pages consacrées aux voyages en avion et à “l’art perdu du pas-bouger”, ou encore le génial texte féministe “Trois Strikes”, inspiré du Trois Guinées de Virginia Woolf –, Lucy Ellmann n’épargne finalement rien ni personne (il y a ce féroce chapitre sur les youtubeuses et influenceuses “beauté”, cela dit pas forcément le meilleur du recueil). Y compris elle-même : avec beaucoup d’autodérision, l’autrice se dit volontiers “méfiante, paresseuse, et facilement froissée”. On en redemande.
Les choses sont contre nous de Lucy Ellmann (Seuil), traduit de l’anglais (États-Unis) par Claro, 304 p., 20 €. En librairie le 4 mars.
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