Christophe Honoré nous a reproché de ne pas être assez critiques. Voici le résultat : avec Les Choses humaines, Karine Tuil signe le catalogue des maux de l’époque sans en penser grand-chose. Un roman appliqué et vain.
Commençons quand même par saluer l’ambition : Karine Tuil a décidé de prendre la place de Balzac. C’est vrai que pas un jour ne passe sans que l’on se dise : “Ce qu’il nous manque, aujourd’hui, c’est un bon Balzac !” Un texte réaliste qui dirait notre époque, la société, ses enjeux. Eh bien voilà : elle le fait. Le problème étant qu’elle n’en fait pas plus, non plus.
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Une fausse croyance transgressive
Chacun de ses romans surfe sur la question du jour et les plus récentes étant les questions de consentement, elle n’y résiste pas. Qui, de la présumée victime, ou du présumé violeur, un jeune homme à qui tout réussit, a raison ?
Tuil nous balance ça dans la bourgeoisie intellectuelle de gauche parisienne, et hop, elle se croit transgressive : ces bourgeois bien-pensants, ces réussites médiatiques ou politiques, ils en cachent des trucs dégueulasses.
Des personnages vides manipulés grossièrement
On tremble plus d’ennui que de peur. Pourquoi ? Parce que Tuil n’est, au final, que Tuil : ses personnages sont vides, juste des archétypes qu’elle manipule grossièrement dans un théâtre d’ombres – rien à voir avec les personnages balzaciens à la profondeur humaine qui les rend universels –, et le livre se réduit à un catalogue opportuniste de tous les poncifs “sociétaux” de l’époque. Qu’en pense-t-elle ? Rien, sans doute.
La fin met en scène un rendez-vous négocié sur “une nouvelle application qui permettait d’organiser et de valider un acte sexuel en obtenant de son ou de sa future partenaire un consentement éclairé et sans équivoque”. Mais Karine Tuil tourne tellement en ridicule les atermoiements de la fille qu’elle bascule dès lors du côté du jeune homme (le présumé violeur). Là, le malaise gagne.
Les Choses humaines (Gallimard) 352 p., 21 €
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