C’est près d’une centaine de moins que l’an dernier, mais 555 romans sortiront tout de même entre le 20 août et début octobre, soit 357 titres français pour 198 étrangers.
Chloe Hooper : « Fiançailles » (Christian Bourgois)
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Changement de style pour la romancière australienne (Un vrai crime pour livre d’enfant), qui se lance dans le thriller psychologique et érotique. Liese, une Anglaise acculée par les dettes, se rend en Australie pour travailler dans l’agence immobilière de son oncle. Après les appartements, c’est son corps qu’elle commence à vendre. A un seul client, Alexander, qui l’invite à passer un week-end chez lui. Un roman gothique, entre Rebecca et Barbe-Bleue.
Jeet Thayil : « Narcopolis » (Editions de l’Olivier)
Dans une mégalopole chaotique et crasseuse, une poignée d’êtres à la dérive – prostitué eunuque, rescapé de la révolution culturelle chinoise, hindou fan d’Hendrix – hantent une fumerie d’opium, puis succombent à la séduction létale de l’héroïne. Surmontant le bruit et la fureur d’une ville en constante ébullition, leurs destins sécrètent des mélodies hautement individuelles, qu’un écrivain poète et musicien harmonise en une troublante symphonie. Sensuel et lyrique, le premier roman de l’Indien Jeet Thayil fait de Bombay une ensorcelante destination littéraire.
John Jeremiah Sullivan : « Pulphead » (Calmann-Lévy)
Signés par un journaliste multicartes, les longs papiers réunis dans Pulphead révèlent un formidable talent de portraitiste. Qu’il enquête sur une héroïne oubliée du blues, déterre les racines white trash d’Axl Rose, s’infiltre dans l’univers des extrémistes du Tea Party ou s’immerge dans l’étrange culture des pilleurs de sites archéologiques, John Jeremiah Sullivan capte les multiples visages d’une Amérique insolite, et en épingle avec un humour discret les tocades, les tics de langage et les travers.
Tristan Garcia : « Faber Le destructeur » (Gallimard)
A mi-chemin entre La Bibliothèque rose et le Petit Livre rouge, le dernier roman de l’auteur de La Meilleure Part des hommes a un côté Club des cinq pour trentenaires en mal d’idéaux. Charismatique, Faber subjugue ses deux amis Basile et Madeleine depuis l’école primaire. Puis il devient leader des grèves lycéennes avant de se perdre dans l’autonomie politique. En creux, Tristan Garcia fait le portrait d’une génération, la sienne ; celle dont les parents ont fait Mai 68 et à qui il ne reste plus que des miettes des grandes utopies révolutionnaires. Un livre transgenre sur les illusions perdues de la jeunesse, qui se débarrasse de sa candeur au fil des pages.
Richard Powers : « Le Dilemme du prisonnier » (Le Cherche Midi)
En écho au décès d’un être cher – le père de Powers, professeur usé par une “longue histoire d’amour déçu avec le monde” –, Le Dilemme du prisonnier passe au crible les liens unissant la vie secrète d’un homme et les mythes politiques nés de la Seconde Guerre mondiale. En résulte une polyphonie familiale se doublant d’un roman d’investigation qui balaie quarante ans d’histoire américaine pour mieux pointer les paradoxes d’une industrie du divertissement aux effets aussi aliénants qu’euphorisants.
Christopher Hitchens : « Vivre en mourant » (Flammarion)
Peut-on mourir intelligemment ? A lire le formidable texte de Christopher Hitchens, journaliste terrassé en 2011 par un cancer, on se dit que oui, peut-être, l’intelligence, l’esprit, s’ils ne protègent pas de la mort et ne savent la tenir à distance, peuvent la sublimer et lui faire la nique. Hitchens a tenu pendant des mois, dans les pages de Vanity Fair, un méticuleux carnet de sa maladie, à la fois drôle, désespéré, vif et douloureux. Compilées dans un livre, ces pensées troublent et questionnent.
Alizé Meurisse : « Neverdays » (Allia)
Peut-on changer de peau, renaître sous une autre identité ? Après deux romans poétiques autour des liens adolescents, Pâle sang bleu (2007) et Roman à clefs (2010), Alizé Meurisse, 27 ans, signe une fable morale à l’ère du star-système. Sous les traits d’un acteur à succès modifiant son apparence grâce à une injection d’ADN, Neverdays questionne les notions de célébrité et d’anonymat, d’altérité et d’identité sexuelle, dans un conte wildien à la croisée de la satire et du fantastique.
Thomas Clerc : « Intérieur » (L’Arbalète/Gallimard)
L’entrée, la salle de bains, les toilettes. Plans à l’appui, Thomas Clerc nous fait visiter pièce par pièce son appartement parisien, le moindre recoin de ses 50 mètres carrés. Un état des lieux maniaque qui rappelle La Vie mode d’emploi de Perec ou Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre. Plus ludique que conceptuel, Intérieur, avec ses digressions multiples, révèle aussi une partie de l’intériorité de son auteur, son rapport à l’art et à la littérature.
Arnaud Cathrine : « Je ne retrouve personne » (Verticales)
Douzième opus d’Arnaud Cathrine, Je ne retrouve personne étend la trame de deuils et de dandysme solitaire amorcée il y a quinze ans par son auteur. Ici, dans une histoire de retour aux origines : Aurélien est un jeune écrivain successful que les siens désignent pour liquider la demeure normande où il a grandi et n’est plus revenu depuis cinq ans. D’abord indifférent, le jeune homme va se laisser gagner par des sentiments contradictoires, entre nostalgie amoureuse et désir de filiation. Le témoignage à vif d’un trentenaire face à sa jeunesse envolée.
Céline Minard : « Faillir être flingué » (Rivages)
On a découvert son talent de conteuse érudite avec notamment Le Dernier Monde, roman de sciencefiction paru en 2007. Ont surgi depuis des fictions aussi diverses que Bastard Battle, Olimpia ou encore So Long, Luise, testament en forme de cri d’amour à l’être aimé. Céline Minard revient cette fois avec un western épique, sur les traces de l’Amérique pionnière et son économie naissante. Itinéraires de cow-boys et luttes fratricides entre tribus indiennes donnent naissance à une fresque du Grand Ouest sauvage, consolidant Minard dans son statut d’écrivaine surdouée et atypique. extrait dans notre supplément lire critique p. 83
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