Les ventes de livres chutent. Et si l’édition y était pour quelque chose ?
Au Salon du livre, des milliers, voire des millions de livres seront exposés. Vendus ? Moins sûr. Chaque année, les ventes de livres chutent. On accusera internet, la télé, la crise, jamais les livres eux-mêmes. Les éditeurs ont besoin de publier le même nombre de textes, même médiocres, pour maintenir leurs comptes. Mais que fera, d’après eux, un lecteur qui a acheté un roman aussi indigent, par exemple, que La Belle de Mathieu Terence (Grasset), après avoir lu, par exemple aussi, la chronique dithyrambique que lui a consacrée Yann Moix (auteur Grasset) dans Le Figaro du 6 mars (déontologie, ça veut dire quoi ?) ? Il n’entrera plus dans une librairie, exaspéré qu’on se fiche de lui.
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Pardon de citer Terence, qui n’est qu’un exemple parmi pléthore d’auteurs dans le même cas, mais il représente parfaitement un symptôme généré par l’édition : un auteur vaguement remarqué avec un premier roman, qui continue à publier des textes de plus en plus moyens, et trouvera toujours, étrangement, repreneur. Comme son nouvel éditeur n’a pas pris la peine de lui dire qu’écrire, ce n’est pas sur-écrire comme on le croit à 14 ans, Terence livre 105 pages ampoulées sur son rapport à la mort (s’il y a quelqu’un que ça intéresse…). Où l’on y « regarde le silence des choses« , où « une brise mauve grelotte dans les glycines », où l’on voit « l’existence comme une saignée d’heures vaines pratiquée sur le néant », où les filles ont des « yeux de torrent » et des « corps de Sahara » et où, lorsqu’on veut se suicider, ce n’est pas n’importe comment, mais avec un « Colt double eagle calibre 45 que je me suis procuré il y a dix ans, favela Paraisópolis à São Paulo« . Pas grave. Terence s’en remettra, son éditeur aussi. Le lecteur, lui, aura perdu deux heures de son précieux temps. Pas près de recommencer.
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