Parution posthume d’un très beau texte de Patrick Kéchichian, où le critique littéraire et écrivain dresse le bilan de sa vie et dévoile ce qui en a fait l’essentiel : sa relation à l’écriture.
“Ici et maintenant, tandis que vous me lisez, je continue, m’obstine, m’efforce au jour le jour, d’écrire dans la précarité d’un présent que je ne parviens pas à contenir, duquel, pour dire le vrai, je me sens constamment exclu”. Ce court texte émouvant semble donner à entendre les derniers mots de Patrick Kéhichian. Le discret critique littéraire du Monde, disparu en octobre 2022, confie ici le bilan d’une existence.
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Optant pour un genre hybride, à la frontière entre autobiographie, essai littéraire et philosophique, Patrick Kéchichian analyse, cherche, se souvient. Pas de révélations sur son enfance ou ses origines, mais un questionnement sur la façon dont il s’est construit par et dans l’écriture. Avec beaucoup de distance pudique, il raconte à la fois ce besoin d’écrire et le temps qu’il lui a fallu pour s’admettre écrivain. Lui qui a la sensation d’être “parti de rien”, au sens propre, réfléchit au sentiment d’imposture qui l’a habité, mais refuse de s’y laisser enfermer, et considère son étrange relation aux mots comme la condition même de sa vie.
Mais ce texte proustien et poétique n’est pas refermé sur lui-même, comme le serait une simple confession. C’est un espace donné en partage, un faisceau de pistes de réflexions dont chacun·e peut se saisir. Ainsi comme le confie Kéchichian, l’écriture est pour lui “un prolongement sans fin, sans but défini. À chaque page c’est encore une étape. Accomplie, l’œuvre demeure provisoire, ouverte à tous les vents de la lecture et de l’interprétation”.
L’Écrivain, comme personne, de Patrick Kéchichian. Préface de Didier Cahen (Editions Claire Paulhan), 160 pages, 18 €. En librairie.
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