Le beau récit onirique d’un trio d’Européen·nes – l’Atelier Sentô et Alberto M.C. – inspiré·es par la culture japonaise.
Depuis que Cécile Brun et Olivier Pichard, alias l’Atelier Sentô, ont voyagé au Japon, le folklore local leur inspire des histoires où la frontière entre réalité et rêve n’est jamais clairement tracée.
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Dans Onibi (Editions Issekinicho, 2016) – récompensé au Japon en 2018 –, le duo français se mettait en scène en train de photographier des esprits. Sorti en février dernier, le premier tome de La Fête des ombres montrait les habitant·es d’un village s’occuper d’âmes errantes.
Dans Le Songe du corbeau, écrit par l’Atelier Sentô mais dessiné par l’Espagnol Alberto M.C., lui aussi marqué par la culture japonaise, on retrouve cette ambiguïté entre existence physique et vie fantasmée. Avant de se rendre au bureau, un employé Koji reçoit une enveloppe contenant un oiseau de papier noir. En lui s’ouvre alors une porte qui le ramène dans son passé, lorsqu’il vivait avec d’autres enfants dans la forêt. Un jour, il y a trouvé Shin, un garçon constamment accompagné par un corbeau.
Ces allers-retours entre un présent de plus en plus réaliste et des flashbacks oniriques, hors du temps, rythment un récit qui, entre Hayao Miyazaki, Jirô Taniguchi et Philip Pullman, navigue de manière presque imperceptible entre le conte cruel et le thriller cotonneux. Les douces aquarelles d’Alberto M.C. et son trait qui atténue la violence maintiennent jusqu’au bout cet équilibre. Si bien que, après la conclusion, il faudrait se pincer pour savoir si l’on n’a pas rêvé.
Le Songe du corbeau (Delcourt), 80 p., 18,95 €. En librairie le 16 juin
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