Les aventures folles et picaresques d’une jeune fille, racontées avec une grande liberté de style et de pensée par Donatien Mary et Sophie Dutertre.
Après de minutieux préparatifs, Emma se rend à son premier bal, accompagnée de son oncle et tuteur. Celui-ci, très porté sur la boisson, roule trop vite, et un accident de la route avec un lord anglais, son serviteur indien et son tigre inaugure rapidement un enchaînement de péripéties toutes plus folles les unes que les autres.
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Emma tombe dans un ravin, la police poursuit le reste de la troupe, l’armée est à la recherche de mystérieux “bourglout’s” – des monstres fabriqués par un savant fou à partir de morceaux d’animaux et de soldats morts –, Emma est faite prisonnière par le savant…
Sous ses airs de livre pour enfants, Le Premier Bal d’Emma, écrit et dessiné à quatre mains par Donatien Mary (Que la bête fleurisse) et l’illustratrice et auteure jeunesse Sophie Dutertre, est un feuilleton échevelé à la manière des récits d’aventures du XIXe siècle. L’histoire est délirante, comme construite au fil de leur pensée. Aux rebondissements, aux personnages hauts en couleur, aux dialogues fougueux s’ajoute un improbable aspect Grand-Guignol.
Entre imagier pour enfants et Otto Dix
Sous l’impulsion du savant fou (parfaitement dingue et pervers, comme tout bon savant fou feuilletonesque), on tranche des membres sans vergogne, on arrache des têtes, le sang gicle de partout… Une certaine logique règne néanmoins, et le récit caracole vers un happy end et une Emma délivrée – et devenue une femme transformée, indépendante. Derrière la loufoquerie, et avec humour, le duo créatif en profite pour lancer quelques piques contre la bêtise, l’aveuglement des foules.
Pour créer ce rythme pétulant, les deux auteurs ont beaucoup travaillé sur la forme et le traitement graphique. Totalement affranchis des cases – alternance de pleines pages labyrinthiques et de planches déstructurées ou au découpage classique –, ils ont multiplié et mélangé les techniques, utilisant tampons, pochoirs, plumes et crayons. Les couleurs, lumineuses, explosent, la typographie rebondit dans tous les sens, le dessin puise dans l’imagier pour enfants comme dans les tableaux d’Otto Dix. Une inventivité rare pour un album à l’effervescence rafraîchissante.
Le Premier Bal d’Emma (Editions 2024), 128 pages, 26 €
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