Un poche par jour pour faire ses emplettes de Noël. Aujourd’hui, “La Pluie d’été” de Marguerite Duras.
La Pluie d’été, paru en janvier 1990 aux éditions P.O.L, n’est pas le roman le plus connu de Marguerite Duras, souffrant sans doute de l’ombre portée, depuis 1984, par L’Amant et son Goncourt. En sourdine, comme une confidence toute de silences et d’hésitations, il est pourtant majeur : une alchimie de simplicité et de singularité qui est à la fois le fond du livre, sa lie, parfois, car le récit est boueux, et à sa surface, son style, ridé par le souffle de l’écriture, en avis de tempête permanent.
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L’inceste en embuscade
Une famille d’émigré·es italo-polonais·es, survivant à Vitry-sur-Seine. Les parents et leur pléthore d’enfants, “les brothers et les sisters”, dont Ernesto, qui refuse l’école “où on lui apprend ce qu’il ne sait pas”, et sa sœur Jeanne, incendiaire en gésine. Des enfants rêveur·ses donc sauvages, l’inceste en embuscade. Duras explique en postface que le livre est tombé des marges du film Les Enfants, tourné en 1984. Certaines pages sont ainsi des dialogues mais comme ils sont à lire ou à dire, ils clignent plutôt vers le théâtre. La Pluie d’été est donc une sorte de bonus hybride, une improvisation, une reprise quasi-musicale du thème principal.
Ambianceuse hors pair, Duras fait bondir des images aussi prégnantes que celles de son film, avec un gain d’imaginaire plus délié qu’au cinéma. C’est un documentaire-fiction sur l’enfance, et partant, un bien commun : “Des espaces sombres, des peurs inintelligibles, inconsidérées, d’autoroutes désertes par exemple, d’orages, de nuits noires, de vent. Allez voir ce que ça dit certaines fois le vent, ce que ça crie.”
La Pluie d’été, de Marguerite Duras (Folio), 150 pages, 7,20 euros.
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