Un récit amoureux d’Emmanuel Régniez entre Proust et Kubrick.
Le Tripode, 131 p., 15 €
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Il suffit d’imaginer le salon de madame Verdurin soudain chahuté par des pulsions libidinales qui ne se dissimulent pas derrière des métaphores à base de fleur et de bourdon butinant. « La chose » est appelée crûment par différents noms : foutre, sperme, bite, clito.
Autrement dit, madame Jules, grande bourgeoise qui en pince jusqu’au sang pour monsieur Jules, « mon mari, mon amant ». Lequel ne parle pas beaucoup mais s’exprime physiquement quand juste avant de s’en aller à une mondanité, une nouvelle fois il prend sa madame, qui le lui rend bien.
A quoi pense-t-il, avant, pendant et après ?
Sauf que le doute s’insinue comme une écharde dans la psyché de madame Jules : à quoi pense-t-il, avant, pendant et après ? A quoi et pas à qui. Car ce « qui », c’est personne et tout le monde. « Pas de visage. Pas de nom. Pas de voix. Juste un autre. »
Des choses alarmantes
Le monstre de la jalousie est en elle, d’autant plus taraudant qu’il est abstrait dans un récit hautement charnel. Où sommes-nous ? Aujourd’hui, à la marge du Eyes Wide Shut de Kubrick ? Hier, du côté de chez Swann ?
Les deux, comme un classique moderne écrit sous ce double registre et qui inspire à Emmanuel Régniez bien des choses alarmantes : « Tout en marchant avec l’insouciance de la vie que connaissent les gens arrivés au dernier degré du bonheur, je conçois comment dans l’Asie, les lois ordonnaient aux époux de ne point se survivre. »
Madame Jules (Le Tripode), 131 p., 15 €
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