Après avoir traité de l’actualité littéraire pendant plusieurs années dans leur hilarante websérie Fiche de lecture, dont nous avions déjà parlé ici, Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos deviennent écrivains à leur tour. Les deux adeptes d’un humour parfois absurde et souvent malsain sortent aujourd’hui un livre qui analyse cent ouvrages majeurs de l’histoire de la littérature, bref […]
Ils ont fait le tour de la littérature en moins de 80 jours : interview des auteurs de « Fiches de lecture »
Après avoir traité de l’actualité littéraire pendant plusieurs années dans leur hilarante websérie Fiche de lecture, dont nous avions déjà parlé ici, Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos deviennent écrivains à leur tour. Les deux adeptes d’un humour parfois absurde et souvent malsain sortent aujourd’hui un livre qui analyse cent ouvrages majeurs de l’histoire de la littérature, bref Cent-vingt chefs-d’oeuvre en un, comme le dit le sous-titre du livre… Alors que le bandeau la joue plus modeste: « Déjà 500 vues sur YouTube« .
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Evidemment, les analyses et les commentaires de Fiche de lecture sont loin de l’exégèse classique. Sur Robinson Crusoé de Daniel Defoe, Sacha explique « Depuis sa lecture, j’ai toujours sur moi un couteau suisse au cas où je croiserais le connard qui m’a conseillé ce bouquin« , pendant qu’Augustin confesse « Quelle vie ! Je serais incapable de faire la moitié de ce que Robinson accomplit. Rien que la natation représente les deux choses que je hais le plus au monde: l’eau et mon corps« .
Sur Voyage au bout de la nuit de Céline, les avis sont aussi foutraques, avec cette conclusion: « un ovni littéraire si les extra-terrestres étaient antisémites« .
Pour en savoir plus sur cet ouvrage qui risque d’aider bien des collégiens et des lycéens pour leurs devoirs de français, nous avons interviewé les auteurs :
Qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?
Le 11 Septembre. Choc pour le monde, électrochoc pour nous. Nous étions jusqu’alors fiscalistes, mais, en s’effondrant, ces deux tours ont fait tomber nos masques. Ne restait que l’écriture… Une autre bonne raison est l’attrait de gagner du fric, centime par centime.
Ca a été difficile de convaincre l’éditeur ?
Absolument pas, tant notre projet était novateur : rester, durant toute l’écriture de ce livre, en carence volontaire de magnésium. Depuis Boccace, personne n’avait osé. Le tout vendu dans un format résolument « pop » si on entend par « pop » le bruit que font les boîtes d’antidépresseurs quand on les ouvre.
Ce livre signifie-t-il que vous ne ferez plus Fiche de lecture en vidéo, sur YouTube ?
On va reprendre avec un format plus axé sur les millenials. Espiègle. Volontaire. Éveillé. Responsable. Heureux. À rebours des approches cross-device traditionnelles partant du desktop. Notre avenir est 100% viral. L’objectif ? Faire du claim « littérature » une KPI aspirationnelle. Permettez-nous une dernière remarque : tous les médias qui n’ont pas encore compris que l’avenir est 100% vidéo et 100% social ne survivront pas les 10 prochaines années. Fermer votre site est la meilleure chose que vous pouvez faire.
Les avis des auteurs sur Le Petit Prince:
EnjoyPhoenix a été numéro 1 des ventes, les livres de Natoo et Andy ont cartonné : écrire est-il devenu un passage obligé pour les youtubeurs ?
Une bonne fois pour toutes, nous aurons un point commun avec ces gens quand ils se seront suicidés. Nos pouces sont bleus à cause de la nécrose.
Votre humour est très noir, et n’hésite pas à évoquer la pédophilie, les nazis, Daech. Y a-t-il des vannes que vous n’avez pas osé mettre dans le livre ?
On n’a pas osé se moquer des Guignols. C’est une institution. À part ça on a employé dans ce livre à peu près tous les mots qui sont dans le dictionnaire. Un seul tabou : la vulgarité.
Les « fake news » sont souvent évoquées actuellement. Etes-vous sûrs de toutes les infos délivrées dans votre livre comme « Dostoïevski était épileptique, d’où la présence d’ellipses dans L’Idiot ?
Il y a plus de choses vraies dans notre livre que dans celui de Pierre Ménès. Le tout, pour six euros de moins.
Votre ouvrage recense 120 livres, c’est pour surfer sur 120 battements par minute ou c’est pour évoquer Salò ou les 120 jours de Sodome ?
C’est tout simplement le nombre d’éditeurs qui nous ont refusé.
Les points forts et les points faibles de 1984 de George Orwell:
En toute honneteté, sur les 120 livres, combien en avez-vous lu ?
Sacha en a lu quatre. Augustin n’a pas souhaité répondre à cette question.
Avez-vous eu des commentaires des auteurs que vous citez dans votre livre ?
Chez les vivants, Laurent Binet, et chez les morts, Philippe Sollers.
Y-a-t-il des écrivains que vous vous êtes empêchés d’égratigner dans votre livre ?
On est défoncés là, question suivante.
Hormis votre livre, quel ouvrage recommandez-vous pour cette rentrée littéraire ?
L’Attrape-coeurs, de J. D. Salinger.
Pensez-vous avoir une chance pour le Goncourt ?
Hélas, le fair play financier n’étant pas mis en place dans le milieu pourri de l’édition, nous ne pouvons que viser le maintien.
Vos projets après ce livre ? Le retour des soirées Dava ?
Difficile à dire vu que nous avons désormais tout dit sur tous les sujets.
Fiches de lecture, Cent-vingt chefs-d’oeuvre en un, par Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos, éditions Marabout, 253 pages, 10,90 €.
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