Harcelé au collège, l’Australien Bruce Mutard raconte comment ces violences l’ont poursuivi toute sa vie et ont failli le détruire.
Chétif, mauvais en sport, Bruce Mutard porte des appareils auditifs. Il suffit d’un malentendu pour que les autres lui prêtent la réputation, infamante dans un collège australien en 1980, d’« aimer les mecs ». Cet incident déclenche alors un mécanisme destructeur dont les effets néfastes se poursuivront pendant trente ans.
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En jouant sur le découpage – avec parfois une seule case sur fond noir –, la première partie de Souffre-Douleur revient sur le harcèlement subi à l’école par l’auteur. Avec peu de mots, il provoque l’empathie et rend tangible la campagne violente dont il a été la victime.
Déboussolé par les violences passées, Bruce développe alors une fascination exacerbée pour la virilité et la provocation dérangeante
En grande partie muette, une séquence de quatre pages rappelle avec quel manque de considération pour les faibles les plus sportifs composent les équipes. Bruce trouve un exutoire à la hauteur de ce qu’il subit : il fantasme sa vengeance. Cet album aurait pu s’arrêter quand, à l’université, le personnage principal semble s’intégrer. Mais, déboussolé par les violences passées, Bruce développe alors une fascination exacerbée pour la virilité et la provocation dérangeante.
A première vue inoffensive, la ligne claire pratiquée par le dessinateur australien lui permet d’aller loin dans l’autoanalyse, exposant grâce à des images sobres sa longue descente aux enfers. Alors qu’il a la trentaine, son parcours rempli de meurtrissures lui impose une dernière épreuve, une anorexie qui lui laisse la peau sur les os. Gardien de sa propre prison, il finit par trouver la clé de son évasion, happy end bienvenu d’une BD déchirante.
Souffre-Douleur de Bruce Mutard (Çà et là), traduit de l’anglais (Australie) par Marie Trinchant, 192 p., 20 €
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